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Philippe Le Guillou
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Brest est ma seconde ville natale. C'est là qu'à partir de septembre 1981 j'ai vraiment commencé à vivre, sur le mode d'une intensité et d'une liberté grande auxquelles on accède, les études finies, lorsqu'on se met, pleinement, à exister et à voler de ses propres ailes. Certes cette ville m'était familière, son passé - sa destruction sous le feu des bombes faisant partie, de manière presque rituelle, de la légende familiale -, son histoire dont les grandes séquences m'avaient été tant de fois racontées : la ville ancienne, la cité des décombres, la ville provisoire de l'après-guerre et Brest la blanche qui avait surgi des ruines comme un acquiescement au progrès et à la modernité. Elle était parfois le théâtre de brèves excursions qu'on accomplissait surtout l'été, pour peu qu'un temps gris nous privât de la route de la mer et de la perspective des bains sur la plage de Telgruc. Brèves, parce que mes grands-parents, nostalgiques de la cité disparue sous la mitraille, n'aimaient pas cette ville froide et neuve qui aurait dû, disaient-ils, porter un autre nom.
Ce qui me fascinait déjà, et me plairait tant dès que j'y aurais établi mes quartiers, c'était non pas l'esthétique impersonnelle d'une cité à l'américaine, mais sa situation, perchée et en pente douce, prête à glisser vers la rade. C'est ce que j'aimais et que je n'ai cessé d'aimer depuis.
P. L. G. -
Et la mort est arrivée en plein coeur de novembre, avec la tempête, les bourrasques qui dépouillaient les arbres, avec surtout la sauvagerie qui ensanglantait Paris. Dans sa descente vers le trépas, mon père n'aura pas pu mesurer cette barbarie, le déferlement de la violence guerrière qui, au moment où son existence s'achevait, lui aurait rappelé les heures noires de son enfance, les rafles, les assassinats aveugles de supposés résistants, la pluie de bombes, la destruction de Brest.
La mort de mon père en plein mois noir, à la ligne de fracture de ce novembre historique qui dépasse largement cet événement douloureux et intime, correspond avec cette plongée dans des temps et un monde de haute incertitude. Le 13 et le 17 novembre 2015 m'ont touché comme peu de dates et d'événements auparavant. Je me sens à jamais orphelin d'une stabilité, d'une espérance définitivement perdues. -
'J'ai mesuré tout à l'heure qu'il y aura bientôt trois ans que tu es partie. Trois ans au cours desquels je n'ai pratiquement rien fait, sinon me remémorer et t'attendre.'
À Londres pour y exposer ses dernières sculptures, le narrateur repense à sa soeur aînée, la pianiste Anna Horberer, qu'il vient de perdre. Inconsolable, il brosse le portrait de cette femme crainte et adulée, une artiste brillante qui savait capter les regards et qui lui a tout pris, jusqu'à son meilleur ami. À mesure que surgissent les souvenirs, on découvre la pulsation des années, les
passions, les doutes et les désirs cachés, la rage de jouer, et ce lien entre eux, aussi mystérieux qu'inaltérable. -
"J'ai écrit ces pages au Faou, dans une solitude et une réclusion totales, cet étrange printemps de 2020 où le gouvernement nous intimait l'ordre de nous claquemurer et de limiter nos sorties à l'essentiel. Oui, j'ai écrit alors qu'un virus venu de Chine se propageait en France et provoquait plusieurs dizaines de milliers de morts, avec, sous les yeux, les palmiers du jardin de Kerrod, l'église des marées, la ligne des collines qui cachent la vallée de l'Aulne, les taillis et les bois, d'un vert magnifique, et dont la prolifération incontrôlée occupera bientôt tout le paysage.
C'était le mouvement même, mémoriel et sensible, qui avait donné Les marées du Faou et L'intimité de la rivière, ce retour amont qui me livrait, avec une incroyable acuité, des réminiscences enfouies, des odeurs, des anecdotes, et même des patronymes. Je devenais soudain l'enfant de Kerrod écoutant les récits de son grand-père, rêvant l'engloutissement d'Ys, se heurtant au silence de l'autre grand-père et au mystère de son bateau disparu..." -
Octobre 2043. Dans le silence d'une abbaye normande, un homme parle. Il dicte à un magnétophone le récit de sa folle ascension vers le pouvoir. Il se souvient de sa jeunesse, de ses désirs et surtout de l'instant où tout a basculé. Lorsque le président d'une République usée, au soir de sa vie et du régime, lui a demandé de quitter l'anonymat pour recevoir à Reims l'ordination royale. Pendant trois ans il a été le roi Jean III. Ce roman raconte la quête, les espérances et les désillusions d'un homme qui aura passionnément, aveuglément cru en sa mission.
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Il s'agit de se dire à travers les paysages et les villes, dans la pudeur et les intermittences de la mémoire. De faire revivre quelques présences essentielles, témoins des sutures décisives d'une existence. Passent ainsi les veilleurs ancestraux, quelques intercesseurs lus puis rencontrés - Mohrt, Gracq, Déon, Fernandez, Grainville -, défilent surtout les paysages qui, depuis L'inventaire du vitrail, ne cessent d'inspirer l'écrivain : la rivière du Faou, les grèves de l'Aulne, quelques sanctuaires élus, les berges de la Loire, les quais de la Seine et du Tibre, les tourbières d'Irlande et les proues basaltiques, Paris et son royaume intérieur.
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Paris, au début des années 1970. L'ancien ventre de Paris devient un immense chantier, le visage de la capitale change. Des hommes hostiles à cette défiguration s'insurgent et fondent une association, "Les Insulaires". Parmi eux, un peintre, Kerros, lui aussi attaché à la forme immémoriale de Paris. Mais il connaît bien celui que les protestataires appellent le "prince des modernes", Georges Pompidou.
Dans un dialogue fictif entre l'artiste et le président, Philippe Le Guillou revient sur les années pompidoliennes, leurs contradictions et leurs mirages, leurs audaces architecturales et esthétiques. -
Deux destins entrelacés. Deux frères, Gilles et Guillaume Vègh. L'un est attiré par l'histoire et l'action politique, l'autre dessine et peint.
Des bords de l'Élorn, la rivière finistérienne auprès de laquelle ils grandissent, à Paris, du Périgord à Rome, de Dublin à Bologne et du Marais breton à Shanghai, on suit, dans la seconde moitié du XXe siècle et au début du suivant, leurs itinéraires, leurs passions, leurs éclipses et leurs passages douloureux, parce que si les chemins bifurquent, si les vies en apparence se séparent, la force d'un lien et d'un amour hors du commun fait que jamais ils ne se perdront. Plus que le mystère de la gémellité, Le bateau Brume explore la singularité sensible de ces deux vies en miroir. -
Au Faou, petit village situé tout au fond de la rade de Brest, au rythme d'une scansion mystérieuse, les marées envahissent ou désertent le port. Elles remplissent le lit de la rivière qui arrive de la forêt toute proche. C'est là, entre l'océan et les bois, qu'est né le narrateur de ce récit. La maturité venue, il revisite les lieux de son enfance - les maisons familiales, l'église, les grèves, la forêt - et se souvient. Autour des grands-parents, essentiels dans son initiation légendaire et bretonne, tout un monde se met à vivre, les voisins, les gens du village, Marie-Chann, la mangeuse de grives, l'étrange Élisabeth, Annonciat dont le corps a été emporté par la mer un soir d'hiver. La guerre n'est pas loin. C'est l'époque du général de Gaulle et de Georges Pompidou. C'est aussi le temps des premiers pas de l'homme sur la lune.
Une Bretagne immémoriale et perdue ressurgit soudain, avec ses légendes, ses rites, les fastes de ses pardons, la beauté singulière du christianisme celtique. Entre l'église et le port où roulent les marées venues des abîmes de la ville d'Ys, le narrateur a grandi et c'est là que son imaginaire s'est forgé. Dans la veine du Passage de l'Aulne, Les marées du Faou explore le territoire et les figures d'une enfance finistérienne, sans nostalgie, dans la ferveur des commencements. -
Rome, dans la seconde moitié du XXIe siècle : le pontificat du premier pape africain, Miltiade, s'achève dans le sang et les attentats. Les sanctuaires flambent, l'Église universelle est déchirée et secouée de toutes parts. Julius, un dramaturge immobilisé par la maladie, reçoit, après avoir publié une lettre virulente à la suite de la mort du pape, la visite d'un cardinal bénédictin venu d'Irlande qui, quelques jours plus tard, accède, contre toute attente, à la succession de Miltiade sous le nom de Clément XV. Un peintre, Simon Viarmes, amateur des quais du Tibre et des sujets religieux, rôde aussi par là. Un compagnonnage singulier va se nouer très vite entre les trois hommes et, sur fond de coulisses et de splendeurs vaticanes, le pape irlandais, le dramaturge couché et le peintre, lointain héritier du Caravage, seront les véritables piliers du Pont des anges.
Philippe Le Guillou ne nous cache rien des manoeuvres du conclave et des mystères du gouvernement de l'Église. Mais surtout il nous fait vivre l'itinéraire spirituel de Clément XV, un homme épris de méditation qui, au fur et à mesure de ses voyages et rencontres, va rénover l'Église catholique. -
Qui est Thomas Daigre, célèbre écrivain reclus dans un château en Irlande ? Que cache-t-il de sa vie passée, de ses amitiés avec des intellectuels soupçonnés de collaboration ? Pour comprendre et reconstruire une certaine vérité, le narrateur va voir chez lui, dans un donjon qui domine la mer et la lande, le vieil homme dont il admire l'oeuvre. Il rencontrera aussi le majordome de Lonveigh et Florence Daigre, étrange peintre qui fait poser son père nu en saint Sébastien percé de flèches. Mais on n'entre pas dans tant de secrets sans être atteint soi-même au plus profond...
Les falaises de l'Irlande, les tourbières, les prairies qui surplombent le champ des vagues et le chaos des rochers servent de toile de fond à cette histoire passionnée où l'on retrouve, comme dans Le dieu noir et La rumeur du soleil, l'envoûtement des paysages et le vertige de la mémoire. -
Erich Sebastian Berg naît à Munich en 1940. Après des études au collège bavarois d'Ettal, il entreprend son initiation de peintre chez un vieux maître d'Anvers. Il arrive à Paris et connaît un succès immédiat. Mais Erich Sebastian Berg est l'homme des passions, des emballements, des ruptures, des départs. Il disparaît, erre du côté de la Bretagne et de l'Irlande, continue de peindre, sous d'autres noms. Il aime, désire, peint des corps, des triptyques. Caché sous ses hétéronymes, il ne cesse de voyager et de produire, malgré les deuils, la solitude, la folie.
Ce livre rassemble les cheminements de ce peintre imaginaire, ses rencontres, ses fascinations, ses oeuvres, sa double vie, affective et créatrice. C'est l'histoire d'un homme immergé dans l'histoire et la création - des années 50 au début du nouveau millénaire, on voit, en effet, passer de Paris à Rome événements et figures qui auront marqué leur temps -, l'aventure d'un homme en quête du secret de son identité et de son art.
Prix Médicis 1997 -
Le quartier du Sentier, les environs de la Bourse, l'ancien domaine de la presse et du textile, ses rues étroites, la frontière des Grands Boulevards, l'éminence du Montorgueil, la rue Poissonnière par laquelle les marées du Nord descendaient vers les Halles : ce vieux Paris, central et secret, se dévoile au coeur d'une exploration qui est bien plus qu'une cartographie nostalgique du IIe arrondissement.
Paris intérieur est le carnet d'un marcheur attaché à cet espace stratégique, contigu à l'ancien "ventre de Paris". Il se déploie au rythme de promenades, de déambulations poétiques, attentives au présent, aux nouveautés, au passé aussi, toujours vivant et comme en filigrane. En une vingtaine d'années, le visage du quartier a changé, mais les fantômes, les souvenirs, les grandes figures surgissent au hasard des boutiques, des cafés, des rues, de leurs noms, de la part d'histoire qui leur est associée. Paris intérieur est le livre d'un piéton, à la suite de tant d'autres, qui chemine dans un territoire connu, habité ; c'est un certain regard aussi, personnel, porté par une émotion, un attachement à la capitale, à sa mémoire et à son imaginaire. -
Le roman inépuisable ; roman du roman
Philippe Le Guillou
- Gallimard
- blanche
- 12 Mars 2020
- 9782072874482
Tout romancier, à un moment ou à un autre de son parcours, s'interroge sur les raisons, les sources, les influences qui l'ont poussé vers la fiction. Il se souvient de ses premières lectures, de ses premières explorations du domaine romanesque. L'auteur du Dieu noir, des Sept noms du peintre et de La route de la mer traverse ici, de Chrétien de Troyes aux romanciers les plus contemporains, l'histoire du roman français dans sa diversité et sa richesse. On y retrouve les plus grands - Mme de Lafayette, Laclos, Balzac, Stendhal, Hugo, Proust, Gide, Tournier - et de nombreux autres, plus confidentiels ou parfois totalement oubliés.
Le roman inépuisable propose une sorte d'histoire et de cartographie subjective du roman : on découvre le regard d'un lecteur qui nous ouvre sa bibliothèque ; on entend la voix d'un conteur fou de personnages, de paysages et d'intrigues. Tour à tour panorama littéraire et autoportrait d'un critique et d'un romancier, Le roman inépuisable célèbre avec ferveur un genre foisonnant, protéiforme et en perpétuel devenir. -
C'est une activité curieuse que celle à laquelle je me livre, je reviens au nimbe des commencements, comme un archiviste halluciné et maniaque, un adorateur nocturne qui voudrait capter dans la ténèbre de son chagrin l'éclat de la lumière des débuts et des seuils. L'histoire est passée, éblouissante, implacable, tragique et elle me laisse seul sur la rive. À moi à qui la littérature a tant donné il ne reste que le secours des mots. Me revient-il de donner à Hélène le tombeau qu'elle n'a pas souhaité avoir ? Elle ne repose pas auprès de son grand-père, qu'elle admirait tant, dans le petit cimetière de Logonna-Daoulas. Elle a voulu cette incinération, ce néant des flammes qui m'effraie plus que tout.
Tombeau : c'est une forme, c'est un chant dont j'aimerais qu'il n'eût pas la froideur mallarméenne. Je rêverais plutôt pour elle d'un lit de lumière, d'une nef enchantée qui l'emmène loin, dans la tradition ophélienne des dérives celtiques. -
«C'était il y a peu, moins de cinquante ans, et on croirait que tout cela remonte à mille ans. Il suffit que je revienne au Faou, pourtant, et le génie des lieux ravive aussitôt les sortilèges d'un monde qui continue de vivre, fidèle aux mythes, aux rites, loin des atteintes d'une modernité ravageuse.
Les lilas blancs et bleus du jardin paradisiaque de Kerrod, les buis, les palmiers, le vert des prairies, les eaux vives sous le pont de bois et au début des paluds, les boiseries dorées de Rumengol, la perspective des sources au-delà de l'épaisseur forestière ressuscitent, massive et sûre, la plénitude de l'enfance, d'un monde sans ombre, sans faille, protégé de présences aimantes, immémorial, transparent - éternellement présent.»
Philippe Le Guillou. -
"La Reine d'Irlande avait deux fils... La Grande Reine, celle qui portait toujours une armure d'or, celle qui enfantait debout... Le Royaume était indivisible. À sa mort, la terre est revenue à Fern le brutal, tandis que l'autre roi partait, Luin Gor, le roi des eaux, des vents, des rivages et des îles...
On ne sait rien de Luin Gor. Son histoire sommeille quelque part dans les tourbières. Dans une carène naufragée peut-être. Aux temps immémoriaux, quelqu'un a eu la folie d'inventer cette histoire, une reine qui enfantait debout, une reine qui eut deux fils.
À mon tour, j'ai cédé au charme du roi errant, du roi vierge et blond. Je rêvais d'un roman qui me permît de voyager par les mers celtiques, entre Irlande et Bretagne, d'une fable dans laquelle on retrouverait Merlin, Arthur, les sortilèges de Brocéliande, les druides du commencement et les bâtisseurs de cathédrales. Je rêvais de chevaliers en manteaux de sel et de feuilles, de rivages chaotiques, de châteaux et de chapelles, d'épée et de coupe d'émeraude. Comme dans le monde enluminé des romans bretons, comme dans les songes de Tolkien, de Gracq et de Boorman."
Philippe Le Guillou. -
« J'ai été baptisé dans ce qui reste avant tout pour
moi une église des marées, une église soumise à la
pression des vagues et aux rafales, à cette proximité
d'un air corrosif et iodé. C'est là que je suis né à la foi
et à l'espérance. C'est là que j'ai mesuré la nécessité
d'une force qui me dépassait, inconnue, élémentaire,
fondamentalement mystérieuse. C'est là que j'ai mis
mes pas dans ceux de ces croyants qui m'y avaient
précédé. C'est là que j'ai intuitivement perçu que le
christianisme était avant tout affaire de tradition et d'histoire,
de legs et de promesse, de redite et de transmission.
Tout croyant, au début de son aventure spirituelle, garde
sans doute la marque indélébile d'un paysage religieux
qui l'a marqué. Ce peut-être un cloître, une abbatiale,
une cathédrale. Pour moi, c'est cette église des marées,
celle de mon village natal, celle dont la porte noire s'ouvrira
sans doute un jour au passage de ma dépouille,
tout près de la vasque encore marquée de polychromies,
où tout a commencé. » -
Le mystère Richelieu
Philippe Le Guillou
- Robert Laffont
- Les Passe-Murailles
- 22 Avril 2021
- 9782221255926
C'est une vieille histoire, une fascination originelle, ancrée - indestructible.
Philippe Le Guillou est encore enfant lorsqu'il découvre le célèbre portrait du cardinal de Richelieu peint par Philippe de Champaigne. C'est un éblouissement.Qui ne serait impressionné par ce prélat de campagne, évêque de Luçon devenu député aux États Généraux, cardinal au service de l'État, aumônier et surintendant de la maison de Marie de Médicis, principal ministre de Louis XIII pour qui il oeuvra aussi comme chef des opérations militaires ?D'un tableau à l'autre, de livres d'histoire en promenades en Touraine, l'auteur cerne cet homme intransigeant. D'une plume qui se fait pinceau, il rappelle son intelligence redoutable, son ambition insatiable, son obsession de l'unité de l'État. Un homme d'ombre et de lumière, de complots et de coups d'éclat, que son corps malade ne laissa jamais en paix.Irrésistiblement, une fascination nous gagne. La même que celle qui foudroya l'auteur enfant devant la cappa magna du tableau de Champaigne, la main décharnée, osseuse, et la barrette, rouge comme une fleur de sang. -
Le passage de l'Aulne, fleuve de Bretagne qui rejoint la rade de Brest, est un lieu réel et mythique auquel la mémoire du narrateur s'attache obstinément. "Orphelin de l'enfance", celui-ci s'abîme dans l'absence, la mort du grand-père Gaël, l'abandon intérieur, la détresse de Julia.
Ce roman se noue par entrecroisements de souvenirs, ces "boîtes gigognes de la mémoire", riches de sensations, de couleurs et de mots. Le temps de l'écriture se fait à mesure plus présent et l'identité se reconquiert... -
Stèles à de Gaulle ; je regarde passer les chimères
Philippe Le Guillou
- Gallimard
- Folio
- 2 Avril 2013
- 9782072406645
"Le lien qui nous attache aux grandes figures de notre histoire a quelque chose de très singulier, de très personnel aussi, il dure, il perdure, il se déploie dans le temps, il s'émousse ou il s'altère ; ou, bien au contraire, il conserve l'infrangible éclat du diamant. Celui qui m'unit à de Gaulle, depuis les heures les plus enchantées de la petite enfance, n'a pas varié. Il traverse les époques et les âges de ma vie."
De Colombey à Londres en passant par l'Irlande, l'Algérie et Paris, ces stèles retracent les jours de gloire, les heures sombres et les instants décisifs qui composèrent la vie du général de Gaulle. Avec l'émotion du pèlerin et un regard qui n'est ni celui de l'historien ni celui du témoin, Philippe Le Guillou rend un hommage saisissant à l'une des plus grandes figures du XXe siècle. -
L'Inventeur de royaumes : Pour célébrer Malraux
Philippe Le Guillou
- Gallimard
- Hors série Littérature
- 13 Décembre 2016
- 9782072196881
"Plus encore que celui de l'aventurier ou de l'homme fasciné par l'action, le visage qui domine, à mon sens, chez Malraux, est celui d'un inventeur de royaumes. À vingt ans, il part vers la jungle de la Voie royale pour chercher de fabuleuses statues khmères. Quelques années plus tard, il survole au-dessus du Yémen les ruines hypothétiques de la reine de Saba. Enfin, au soir de sa vie de romancier et d'essayiste, il invente, auprès de De Gaulle, le royaume d'une France restaurée, et il se fait mécène, passeur des ombres, avocat d'une culture offerte au plus grand nombre, grand prêtre de la République. Mais on ne saurait résumer une vie aussi complexe et aussi foisonnante à cette triade d'inventions. Aussi, cet hommage s'emploie-t-il à retrouver d'autres visages de Malraux - celui du combattant de la guerre d'Espagne, du résistant, celui de l'esthète et de l'historien d'art, et celui, plus intime, d'un homme perpétuellement hanté et frappé par la mort.
Il s'agit donc d'un ensemble de variations autour d'une figure admirée, à travers les livres, les lieux, les rencontres et les jalons d'une vie. Il s'agit surtout d'un hommage à un homme d'exception et à une oeuvre abondante et protéiforme. On connaît le mépris de Malraux pour les biographies. Les variations de cet hommage puisent leur source dans les textes du romancier, du théoricien, de l'orateur et du mémorialiste."
Philippe Le Guillou. -
Au quinzième siècle, un homme projette de traverser l'Océan et, sur l'autre continent, de remonter la Rivière-Dieu jusqu'aux sources du monde. Les trois précédentes expéditions qu'il a organisées ont échoué. Le gouvernement du Roi lui adjoint un second, Mendoza, qui le surveillera. Un navire sombre au moment du départ, d'autres vaisseaux disparaîtront et beaucoup d'hommes aussi, avant que l'Explorateur arrive de l'autre côté de l'Océan et remonte le cours du fleuve. Il mourra de découvrir ce qu'il y a à l'origine de la Rivière-Dieu, et l'espion Mendoza, devenu sa mémoire, défendra en vain ses découvertes devant le tribunal du retour. Tout sera effacé, jusqu'au souvenir de la quête insensée de l'Explorateur, dont le nom même devra disparaître.
Roman lyrique, halluciné, La rumeur du soleil se lit aussi comme un chant intense au cosmos, à l'océan, au soleil et à la sensualité. -
Douze années dans l'enfance du monde
Philippe Le Guillou
- Gallimard
- blanche
- 13 Décembre 2016
- 9782072190445
On ne sait rien, ou presque, des douze premières années de la vie du Christ, de ses jeux, de ses peurs, de son univers familial, de sa formation. Or voici que par la grâce d'indiscrétions familières ou de la restitution de maints épisodes sacrés, nous entrons dans ce secret de l'origine du monde, dans la révélation de la scène primordiale et fondatrice.
De Nazareth à Jérusalem, de la visitation des Mages à la confrontation avec les docteurs du Temple, de l'atelier de Joseph aux citadelles des Esséniens, l'Enfant-Dieu grandit en découvrant, à la faveur d'un jeu inexorable de questions, le mystère de sa destinée, sa différence, sa vocation de faiseur de miracles et de fils placé sous le sceau d'une double paternité.
Récit d'apprentissage sacré, Évangile apocryphe imaginaire coordonnant secrètement tous les autres, conte de Noël et de l'Épiphanie, bréviaire poétique ou antiphonaire inédit, le livre est cette fiction dans laquelle l'esprit, se mettant en scène sous les espèces du Fils de l'Homme enfant, se concentre sur lui-même, revenant sur ses brisées pour tenter d'en arrêter le chiffre et de se ressouvenir de ce qui, du Verbe et de la Création, du sens ou de l'interprétation, est premier.