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Seuil
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Un corps à soi
Camille Froidevaux-Metterie
- Seuil
- La Couleur des idées
- 2 Septembre 2021
- 9782021448672
Longtemps, les femmes n’ont été que des corps, définies par leurs fonctions sexuelle et maternelle. La révolution féministe les a délivrées de ce carcan, mais elle a aussi dévalorisé le corps féminin. N’est-il pas pourtant le nœud singulier de notre rapport à nous-même et au monde ?
À partir d’une relecture de Simone de Beauvoir, la philosophe Camille Froidevaux-Metterie propose de le saisir sous ses deux aspects : lieu de la domination masculine et vecteur d’une pleine émancipation. Sa pensée progresse au fil d’une exploration de ces événements corporels qui scandent la vie des femmes, de l’enfance empêtrée à la ménopause invisibilisée, de la honte adolescente à la découverte de la jouissance, de l’épreuve du réel maternel aux ravages de la violence sexuelle. Au fil de ces étapes, où l’écriture en première personne résonne avec les voix plurielles des femmes, l’autrice pose les jalons qui leur permettront de reprendre possession de leurs corps, jusqu’au plus intime d’elles-mêmes. Son féminisme incarné s’attaque au socle même du patriarcat et renouvelle, à l’écoute des luttes les plus contemporaines, les fondements théoriques du féminisme. -
Deux peuples pour un Etat ? Relire l'histoire du sionisme
Shlomo Sand
- Seuil
- La Couleur des idées
- 5 Janvier 2024
- 9782021541670
La création d’un État binational où Israéliens et Palestiniens seraient citoyens du même État a jadis été l’aspiration de nombreux intellectuels juifs critiques, de gauche comme de droite. Les prises de position en faveur du binationalisme, d’Ahad Haam dès la fin du xıxe siècle à Léon Magnes en passant par Hannah Arendt et beaucoup d’autres, pour qui le désir de créer un État juif exclusif sur une terre peuplée en majorité par des Arabes entraînerait un conflit violent et insoluble, se sont révélées tout à fait exactes. Avec l’arrivée aux affaires de l’extrême droite en Israël, les massacres perpétrés par le Hamas et les bombardements de la bande de Gaza, la question d’un État binational est devenue une urgence pour toute la région. Lui tourner le dos n’y changera rien.
Le binationalisme ne relève pas seulement du vœu pieux, mais aussi de la réalité présente : 7,5 millions d’Israéliens-juifs dominent, par une politique d’expulsion, de déplacement, de répression et d’enfermement, un peuple palestinien-arabe de 7,5 millions de personnes, dont une grande partie est privée de droits civiques et des libertés politiques élémentaires. Il est évident qu’une telle situation ne pourra pas durer éternellement.
Shlomo Sand est un historien israélien, professeur émérite à l'université de Tel-Aviv, et auteur de nombreux livres, dont certains ont suscité de vif débats (Comment le peuple juif fut inventé, Fayard, 2008). Son dernier ouvrage au Seuil, Une race imaginaire. Courte histoire de la judéophobie, a été publié en 2020.
Traduit de l’hébreu par Michel Bilis -
Racisme et culture : Explorations transnationales
Michel Agier
- Seuil
- La Couleur des idées
- 10 Janvier 2025
- 9782021506150
Longtemps, on a pensé que faire silence sur la race permettait de la conjurer. Mais peut-on lutter contre le racisme sans mener des enquêtes sur ce qu'il produit ? À rebours de ceux qui refusent de se confronter aux réalités sociales, l'anthropologue des mobilités et du cosmopolitisme Michel Agier étudie les formes multiples que prend, ici et ailleurs, cette conception fondamentalement inégalitaire des relations humaines.
Revenant sur son parcours d'ethnographe en Afrique, en Amérique latine et en France, il décrit aussi bien les violences du racisme que les manières dont s'en saisissent ceux et celles qui en sont les sujets. Dans le même mouvement, il relit ses prédécesseurs qui, de Claude Lévi-Strauss à Colette Guillaumin, de Frantz Fanon à Stuart Hall, ont voulu libérer l'humanité de ce maléfice.
Il montre en particulier que mettre en scène d'autres images de soi, d'autres récits et d'autres mondes désirés, dans des performances carnavalesques, poétiques ou théâtrales, c'est s'emparer de la contrainte du racisme, face aux autres, toutes couleurs et toutes « races » confondues, pour ne pas la laisser agir en paix.
Michel Agier est anthropologue, directeur de recherches émérite à l'IRD et directeur d'études à l'EHESS. Il a notamment publié L'Étranger qui vient (Seuil, 2018 ; Points, 2022) et La Peur des autres. Essai sur l'indésirabilité (Rivages, 2022). Avec Stefan Le Courant, il a codirigé le volume Babels. Enquête sur la condition migrante (Points, 2022). -
Le capitalisme de l'apocalypse : Ou le rêve dun monde sans démocratie
Quinn Slobodian
- Seuil
- La Couleur des idées
- 24 Janvier 2025
- 9782021451412
Quinn Slobodian est spécialiste de l’histoire du néo-libéralisme et professeur d'histoire économique et politique globale à l'Université de Boston. Il a notamment publié Les Globalistes. Une histoire intellectuelle du néolibéralisme (Seuil, 2022).
Si l’on jette un rapide coup d’œil à un planisphère, nous ne verrons qu’un patchwork d’États-nations, net et bien connu. Et si notre réalité était toute autre ? La mondialisation a bouleversé l’ordre du monde, entraînant un foisonnement de nouvelles entités : paradis fiscaux, ports francs, cités-États, enclaves fermées et zones économiques spéciales. Ces nouveaux espaces, libérés des formes ordinaires de réglementation, de taxation et d’obligations mutuelles, perforent la carte des pays. Là, les fanatiques de l’ultra-capitalisme échappent au pouvoir des gouvernements et au contrôle démocratique.
C’est ce monde, composé de trous, d’aspérités et de zones grises que Quinn Slobodian décrit, se lançant sur les traces des libertariens radicaux les plus notoires - de Milton Friedman à Peter Thiel et Elon Musk. Cette enquête magistrale nous mène du Hong Kong des années 1970 à l'Afrique du Sud à la fin de l'apartheid, du Sud des États-Unis à la ville de Londres, de Dubaï à la Somalie en guerre, et jusque dans le métavers, révélant de manière vertigineuse les progrès terrifiants du capitalisme sans la démocratie.
Le Capitalisme de l'apocalypse nousoffre une histoire inédite des dernières décennies et une vision alarmante de notre futur proche. -
Au non des femmes : libérer nos classiques du regard masculin
Jennifer Tamas
- Seuil
- La Couleur des idées
- 6 Janvier 2023
- 9782021514308
Rien ne semble plus incongru que de prendre appui sur la société d’Ancien Régime pour penser le refus féminin. Assignées au devoir de « réserve » par les traités de civilité et au silence ou à la « feinte résistance » par les codes de séduction, les héroïnes de la littérature classique n’auraient rien à nous transmettre, surtout pas le pouvoir de dire « non ». On aurait pu croire l’affaire pliée sans la sagacité de Jennifer Tamas. Car, à leur manière, les femmes du Grand Siècle ont résisté, elles ont désobéi, et de ces combats à bas bruit il demeure des traces. Sous les images de princesses endormies célébrées par l’industrie du divertissement se cachent de puissants refus, occultés par des siècles d’interprétations patriarcales. Jennifer Tamas les exhume avec courage et subtilité, elle traque l’expression du féminin sous le regard masculin et tend savamment l’oreille vers le bruissement des voix récalcitrantes. Conviant les figures dissidentes des siècles anciens, du Petit Chaperon rouge à Bérénice, elle vivifie le discours féministe et trouve chez Marilyn Monroe le secret d’Hélène de Troie. Elle révèle ainsi, non sans un brin d’irrévérence, un magnifique matrimoine, trop longtemps séquestré dans les forteresses universitaires.
Jennifer Tamas est agrégée de lettres modernes et enseigne la littérature française de l’Ancien Régime aux États-Unis à Rutgers University (New Jersey). Elle a notamment publié Le Silence trahi. Racine ou la déclaration tragique (Droz, 2018). -
Marianne est aussi noire : Luttes occultées pour l'égalité
Collectif
- Seuil
- La Couleur des idées
- 25 Octobre 2024
- 9782021500677
À l'heure où le pouvoir social des femmes dans le monde suscite l'attention, où l'histoire des féminismes fait l'objet d'un renouvellement sans précédent, ce livre s'intéresse à des protagonistes jusqu'alors négligées : les femmes noires de l'Hexagone et des (post)colonies françaises des Amériques, d'Afrique et de l'océan Indien.
Réunissant vingt chercheur·e·s issu·e·s de ces territoires, ce livre vient corriger une distorsion des regards historique et sociologique en rendant visibles les contributions des femmes afrodescendantes à l'histoire des femmes et des luttes d'émancipation en France du XXe siècle à nos jours. Il montre comment les femmes noires de France, des Antilles et de Guyane françaises, de Mayotte et de La Réunion, mais aussi du Cameroun et des Quatre Communes du Sénégal, affrontent les facettes multiples du racisme et du patriarcat, et répondent au colonialisme en leurs termes propres. On découvre leurs ressources et leur inventivité dans la vie sociale et familiale, la politique, les mobilisations féministes, la littérature ou les arts du spectacle, pour s'ériger en sujets d'histoire. Loin des représentations réductrices, des femmes telles que Suzanne Lacascade, Gerty Archimède ou Émilie Aliker sont ici actrices du changement socioculturel et politique de leur société.Sous la direction de Silyane Larcher et Félix GermainChargée de recherche au CNRS, Silyane Larcher est maîtresse de conférences en études de genre et des sexualités, ainsi qu'en études diasporiques, à l'université Northwestern. Félix Germain est maître de conférences en études africaines et diasporiques et directeur du département d'Africana Studies de l'université de Pittsburgh. -
La fin de l'amour ; enquête sur un désarroi contemporain
Eva Illouz
- Seuil
- La Couleur des idées
- 6 Février 2020
- 9782021430356
La culture occidentale n'a cessé de représenter les manières dont l'amour fait miraculeusement irruption dans la vie des hommes et des femmes. Pourtant, cette culture qui a tant à dire sur la naissance de l'amour est beaucoup moins prolixe lorsqu'il s'agit des moments, non moins mystérieux, où l'on évite de tomber amoureux, où l'on devient indifférent à celui ou celle qui nous tenait éveillé la nuit, où l'on cesse d'aimer. Ce silence est d'autant plus étonnant que le nombre des ruptures qui jalonnent une vie est considérable.
C'est à l'expérience des multiples formes du « désamour » que ce livre profond et original est consacré. Eva Illouz explore l'ensemble des façons qu'ont les relations d'avorter à peine commencées, de se dissoudre faute d'engagement, d'aboutir à une séparation ou un divorce, et qu'elle désigne comme des « relations négatives ».
L'amour semble aujourd'hui marqué par la liberté de ne pas choisir et de se désengager. Quel est le prix de cette liberté et qui le paye ? C'est tout l'enjeu de cet ouvrage appelé à faire date, et qui prouve que la sociologie, non moins que la psychologie, a beaucoup à nous apprendre sur le désarroi qui règne dans nos vies privées.Eva Illouz est directrice d'études à l'EHESS. Elle est notamment l'auteure de Pourquoi l'amour fait mal et des Sentiments du capitalisme, publiés aux Éditions du Seuil, et récemment de Happycratie.Traduit de l'anglais par Sophie Renaut. -
La voix des fantômes : Quand débordent les morts
Grégory Delaplace
- Seuil
- La Couleur des idées
- 13 Septembre 2024
- 9782021592665
Nous nous plaisons à imaginer que les humains ont inventé les rituels funéraires pour arrêter d’oublier ; nous nous plaisons même à imaginer que c’est ce geste qui a fondé l’humanité et la culture. Et si les morts avaient toujours été déjà là ? Et si l’humanité était née hantée ? Les pratiques funéraires auraient alors été élaborées par d’habiles médiums pour contenir le débordement des revenants.
En menant une anthropologie inédite des fantômes, Grégory Delaplace montre quels genres d’êtres et quels genres d’interlocuteurs les défunts sont invités à devenir. Il rend compte des situations toujours plus ou moins incongrues dans lesquelles ceux-ci échappent aux cadres prévus pour les accueillir. C’est aussi que la détérioration de la planète les ayant fait proliférer, les spectres permettent de penser la catastrophe.
On découvrira combien les ancêtres sont des fantômes mis au pas, des morts à qui les vivants ont appris à vivre, enfin.
Anthropologue, Grégory Delaplace est directeur d’études à l’École pratique des hautes études. Médaille de bronze du CNRS (2015), il a codirigé la revue L'Homme (2020-2024) et a publié Les Intelligences particulières. Enquête dans les maisons hantées (Vues de l'esprit, 2021). -
Toutes les intelligences du monde : animaux, plantes, machines
James Bridle
- Seuil
- La Couleur des idées
- 15 Septembre 2023
- 9782021480085
La fascination pour les progrès fulgurants de l'intelligence artificielle ne nous fait-elle pas passer à côté des autres intelligences avec lesquelles nous cohabitons ? Les animaux, les plantes et les systèmes techniques révèlent en effet petit à petit leur complexité et leur étendue.
Que nous apprennent toutes ces formes d'intelligence ? Comment pouvons-nous donner une plus juste place aux entités auxquelles nous sommes reliés ? Pour répondre à ces questions, James Bridle convoque allègrement tous les savoirs possibles biologie, histoire, éthologie, arts, physique, informatique et plus encore. Des oracles grecs aux poulpes, des champignons aux satellites, des ordinateurs hydrauliques aux séquoias, on découvre ainsi les multiples modes d'existence qui dialoguent autour de nous et avec nous.
Explorer ces hybridations et enchevêtrements est l'une des conditions pour changer radicalement de monde. On lira donc ici le récit électrisant de nos temps à venir.James Bridle est un écrivain, artiste, journaliste et technologue britannique. Son premier livre Un nouvel âge de ténèbres. La technologie et la fin du futur (Allia, 2018 pour l'édition originale) a été traduit dans une douzaine de langues. Ce nouvel ouvrage a été salué par toute la critique dès sa parution en avril 2022. On peut voir son travail plastique sur son site : http://jamesbridle.com.Traduit de l'anglais par Cyril Le Roy -
La Californie en feu, l’Andalousie asséchée, un système urbain dont on réalise la vulnérabilité lors de l’épidémie de Covid… Les signes d’une crise d’habitabilité de la Terre se multiplient. Les modes de consommation mondialisés et les actes des « géopouvoirs » prédateurs en sont des causes évidentes. Comment dès lors habiter autrement ?
Le géographe Michel Lussault réexamine cette question que l’anthropocène oblige à penser de façon nouvelle. À rebours des fantasmes de retour « à la nature », il prend acte des effets de l’urbanisation généralisée, qui rend les espaces de vie interdépendants. Toute recherche d’autonomie est donc aujourd’hui une voie illusoire. Ce sont au contraire les liens entre les vivants humains et non-humains et la matérialité de leurs habitats qu’il faut considérer et soigner. En s’inspirant de l’éthique du Care, l’auteur plaide pour des « vertus habitantes » et la mise en oeuvre d’un « géo-care », dont il examine la possible portée concrète.
Appuyé sur des récits vivants, qui nous mènent de la misère des sans-abris de Vancouver au combat des Ojibwes pour les droits du riz sauvage ou aux mines de lithium du désert d’Atacama, il analyse comment s’expérimentent, loin de l’imaginaire réducteur de la world city, des manières soutenables de cohabiter.
Michel Lussault est professeur à l’École Normale Supérieure de Lyon. Il a publié au Seuil : L’Homme spatial (2007), L’Avènement du Monde (2013) et Hyper-Lieux (2017). -
Le manifeste afro-décolonial : Le rêve oublié de la politique radicale noire
Norman Ajari
- Seuil
- La Couleur des idées
- 5 Avril 2024
- 9782021575682
« De quoi les Noirs souffrent-ils ? Quels sont les obstacles, les violences, les privations, les déprédations, les rapines, les humiliations qui définissent l'histoire qui est en propre la leur ? Le plus souvent, les Noirs sont considérés comme un groupe plus malmené que les autres. Tout le monde peut se trouver exploité au travail, mais les Noirs le sont davantage. Tout le monde peut voir ses ressources appropriées, mais celles de l'Afrique le sont plus systématiquement. Tout le monde peut être harcelé par les forces de l'ordre, mais les Noirs sont victimes d'un délit de faciès. Il y aurait, entre la violence subie par le Noir et celle rencontrée par le Blanc, une différence de degré. »
Dans cet essai limpide, Norman Ajari dénonce les effets de la déshumanisation noire, critique les fausses solutions militantes et théoriques et pose les bases d'une nouvelle idéologie panafricaine, sociale et révolutionnaire. En reprenant l'héritage de pensées de la négritude et du nationalisme noir, le Manifeste afro-décolonial se veut une réactualisation du rêve oublié de la politique radicale noire. Souvent caricaturée en chauvinisme étroit, elle est pourtant la pratique décoloniale la plus internationaliste de l'histoire moderne - une utopie ?Né en 1987, Norman Ajari est docteur en philosophie et maître de conférences en études noires francophones à l'Université d'Édimbourg, après avoir enseigné à l'Université de Toulouse et à l'Université Villanova de Philadelphie. Il est membre du bureau exécutif de la Fondation Frantz Fanon et auteur de La Dignité ou la mort. Éthique et politique de la race (La Découverte, 2019) et de Noirceur : Race, classe et pessimisme dans la pensée africaine-américaine au XXIe siècle (Divergences, 2022). -
Pourquoi l'amour fait mal : l'expérience amoureuse dans la modernité
Eva Illouz
- Seuil
- La Couleur des idées
- 20 Septembre 2012
- 9782021091625
Aimer quelqu'un qui ne veut pas s'engager, être déprimé après une séparation, revenir seul d'un rendez-vous galant, s'ennuyer avec celui ou celle qui nous faisait rêver, se disputer au quotidien : tout le monde a fait dans sa vie l'expérience de la souffrance amoureuse. Cette souffrance est trop souvent analysée dans des termes psychologiques qui font porter aux individus leur passé, leur famille, la responsabilité de leur misère amoureuse.
Dans ce livre, Eva Illouz change radicalement de perspective et propose une lecture sociologique de la souffrance amoureuse en analysant l'amour comme une institution sociale de la modernité. À partir de nombreux témoignages, d'exemples issus de la littérature et de la culture populaire, elle dresse le portrait de l'individu contemporain et de son rapport à l'amour, de son fantasme d'autonomie et d'épanouissement personnel, ainsi que des pathologies qui lui sont associées : incapacité à choisir, refus de s'engager, évaluation permanente de soi et du partenaire, psychologisation à l'extrême des rapports amoureux, tyrannie de l'industrie de la mode et de la beauté, marchandisation de la rencontre (Internet, sites de rencontre), etc. Tout cela dessine une économie émotionnelle et sexuelle propre à la modernité qui laisse l'individu désemparé, pris entre une hyper-émotivité paralysante et un cadre social qui tend à standardiser, dépassionner et rationaliser les relations amoureuses.
Un grand livre de sciences sociales sur le destin de l'amour dans les sociétés modernes.
Eva Illouz est professeure de sociologie à la Hebrew University de Jérusalem. Elle est l'auteure de nombreux livres, traduits en une quinzaine de langues, parmi lesquels Les Sentiments du capitalisme, paru aux Éditions du Seuil en 2006.
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Mobilisées ! Une histoire féministe des contestations populaires
Fanny Gallot
- Seuil
- La Couleur des idées
- 1 Mars 2024
- 9782021452976
Dans toutes les mobilisations sociales de la période récente, l'implication des femmes est forte et, pourtant, à chaque fois, elle surprend. Leur présence est interprétée comme le signe d'une contestation exceptionnelle. En réalité, ce qui mérite l'étonnement, c'est qu'on oublie leur participation. Car les femmes ont toujours pris la parole et la rue, avec des modalités d'action singulières.
De la figure de la « ménagère » des Trente Glorieuses, à celle des « Rosies » dans les récentes manifestations contre la réforme des retraites, Fanny Gallot revisite le passé des luttes sociales depuis 1945. Elle montre comment les modalités d'action et les revendications ont pu évoluer au fil des décennies, sous l'influence des mouvements féministes et de l'écho qu'ils ont rencontré auprès des organisations syndicales.
La question du « travail reproductif » est au coeur de ces luttes. Que l'on dénonce sa « déqualification » lorsqu'il est exercé dans le domaine professionnel ou son « invisibilisation » quand il désigne les tâches domestiques accomplies quotidiennement, il est au centre des débats, des revendications et des actions. En tenir compte, tenter d'en discerner les contours est un puissant levier d'action pour les luttes passées, présentes et à venir.Fanny Gallot est historienne, spécialiste des mouvements sociaux, du syndicalisme et des féminismes, membre du Centre de recherche en histoire européenne comparée (CRHEC). Elle a notamment publié En découdre. Comment les ouvrières ont révolutionné le travail et la société (La Découverte, 2015). -
Beautés de l'éphémère : Apologie des bulles de savon
Pierre Zaoui
- Seuil
- La Couleur des idées
- 15 Mars 2024
- 9782021558869
Tous les enfants aiment les bulles de savon, ce jeu qui assume le caractère transitoire de tout ce qui est beau et précieux. Les adultes ne devraient pas qu’en sourire, mais aussi s’en réjouir : elles font réapprendre à aimer ce qui brille sans lendemain.
Pierre Zaoui propose un petit traité sur la vacuité de l’existence, nourri du regard des artistes qui se sont emparés du motif exprimant tantôt la nullité de toute chose ici bas, tantôt le sceau de l'éternelle souffrance. Loin de la Vanité à laquelle la tradition philosophique et théologique l’a souvent réduit, il voit dans cet objet parfait et éphémère, transparent et iridescent, la possibilité d’une très soutenable légèreté de l’être.
La bulle n’est pas luxe dérisoire, elle interroge ce que désirer veut dire. Elle n’est pas déni de la mort, mais une manière de l’envisager autrement que sur le mode du pari ou de la tragédie. Car chaque bulle de savon célèbre les noces immémoriales de l’homme et de son ombre.
Maître de conférences à l'Université Paris Cité, Pierre Zaoui a notamment publié La Traversée des catastrophes (Seuil, 2010) et La Discrétion (Autrement, 2013). -
L'exil, toujours recommencé : Chronique de la frontière
Anne-claire Defossez, Didier Fassin
- Seuil
- La Couleur des idées
- 5 Janvier 2024
- 9782021549706
Anthropologue et médecin, Didier Fassin est professeur au Collège de France, titulaire de la chaire Questions morales et enjeux politiques dans les sociétés contemporaines, et directeur d'études à l'EHESS. Anne-Claire Defossez est sociologue, chercheure à l'Institute for Advanced Study de Princeton.Fuyant les violences politiques, les persécutions religieuses ou la pauvreté, des hommes, des femmes, des enfants d'Afghanistan, d'Iran, du Maghreb et d'Afrique subsaharienne, se mettent en route pour des voyages de plusieurs années au cours desquels ils affrontent les rackets des bandes armées, les brutalités des polices, les camps d'enfermement, les murs de barbelés, les rigueurs du désert, les périls de la mer. Beaucoup y perdent la vie.
Cinq années durant, été comme hiver, Didier Fassin et Anne-Claire Defossez ont mené une recherche à la frontière entre l'Italie et la France, dans les Alpes, auprès de nombre de ces exilés, pour reconstituer leur périple en l'inscrivant dans le contexte géopolitique des bouleversements du monde. Ils ont pris part aux activités menées pour leur porter assistance. Ils ont rencontré les multiples acteurs de ce territoire de migrations millénaires.
Leur enquête donne ainsi à comprendre l'expérience des exilés, l'engagement des volontaires et même
le désarroi des forces de l'ordre, conscientes de la vanité de leur mission. Elle dévoile l'inefficacité d'une militarisation de la frontière qui rend plus dangereuse la traversée de la montagne et d'une politique qui nie les droits de personnes en quête de protection. -
Soeurs : Pour une psychanalyse féministe
Silvia Lippi, Patrice Maniglier
- Seuil
- La Couleur des idées
- 29 Septembre 2023
- 9782021533330
4e Sœurs
Devenir féministe n’est pas seulement un choix rationnel. C’est une réponse vitale à des traumatismes si profonds qu’ils se perdent dans la nuit de nos histoires singulières, comme #MeToo. Le féminisme ne serait pas si puissant s’il n’avait une signification inconsciente.
Pourtant la psychanalyse semblait n’en rien vouloir savoir. Ce livre rompt avec ce silence en introduisant le concept de sororité dans la clinique et la théorie psychanalytiques, en même temps qu’il plaide pour un féminisme qui ferait toute sa place à ses propres éléments pulsionnels, traumatiques, fous.
Il prend pour guide improbable dans cette entreprise une femme, lesbienne, schizophrène, criminelle : Valerie Solanas, qui imagine un monde à partir des seules relations entre femmes – un monde de sœurs. La sororité ne se limite pas aux relations entre des personnes déjà identifiées comme femmes, c’est un type de lien social dans lequel on communique directement à partir de nos traumatismes respectifs dans une forme fabriquée en commun, que ce livre appelle un « symptôme partagé ».
En jetant les bases d’une psychanalyse sororale, qui permet de penser autrement l’articulation de l’intime et du politique, du psychique et du social, de l’inconscient et du collectif, ce livre fait un pas décisif dans la direction d’un renversement de l’orientation patriarcale et hétérocentrée de la psychanalyse, dans une langue claire, impertinente et rigoureuse. Il parlera à toutes celles et ceux qui aspirent à penser, sentir et vivre au-delà des imaginaires de la domination masculine.
Silvia Lippi est psychanalyste, docteure en psychologie et psychologue hospitalière à l’établissement public de santé Barthélemy-Durand d’Étampes.
Patrice Maniglier est philosophe, maître de conférences à l’Université Paris-Nanterre. -
Soi-même comme un roi ; essai sur les dérives identitaires
Elisabeth Roudinesco
- Seuil
- La Couleur des idées
- 4 Mars 2021
- 9782021480887
Le déboulonnage des statues au nom de la lutte contre le racisme déconcerte. La violence avec laquelle la détestation des hommes s'affiche au coeur du combat féministe interroge. Que s'est-il donc passé pour que les engagements émancipateurs d'autrefois, les luttes anticoloniales et féministes notamment, opèrent un tel repli sur soi ?
Le phénomène d'« assignation identitaire » monte en puissance depuis une vingtaine d'années, au point d'impliquer la société tout entière. En témoignent l'évolution de la notion de genre et les métamorphoses de l'idée de race. Dans les deux cas, des instruments de pensée d'une formidable richesse - issus des oeuvres de Sartre, Beauvoir, Lacan, Césaire, Said, Fanon, Foucault, Deleuze ou Derrida - ont été réinterprétés jusqu'à l'outrance afin de conforter les idéaux d'un nouveau conformisme dont on trouve la trace autant chez certains adeptes du transgenrisme queer que du côté des Indigènes de la République et autres mouvements immergés dans la quête d'une politique racisée.
Mais parallèlement, la notion d'identité nationale a fait retour dans le discours des polémistes de l'extrême droite française, habités par la terreur du « grand remplacement » de soi par une altérité diabolisée : le migrant, le musulman, mai 68, etc. Ce discours valorise ce que les identitaires de l'autre bord récusent : l'identité blanche, masculine, virile, colonialiste, occidentale.
Identité contre identité, donc.
Un point commun entre toutes ces dérives : l'essentialisation de la différence et de l'universel. Élisabeth Roudinesco propose, en conclusion, quelques pistes pour échapper à cet enfer.
Historienne, Élisabeth Roudinesco est l'auteur de livres qui ont fait date sur l'Histoire de la psychanalyse en France, Jacques Lacan, Sigmund Freud (Prix Décembre 2014), la famille, etc. Elle est traduite dans le monde entier. -
Musicophilia ; la musique, le cerveau et nous
Oliver Sacks
- Seuil
- La Couleur des idées
- 25 Octobre 2018
- 9782021415889
La musique peut nous émouvoir jusqu'au tréfonds de notre être, nous inciter à danser, ou nous rendre tristes et nostalgiques. Quand on est un neurologue aussi compétent qu'Oliver Sacks, ouvert, comme lui, à bien d'autres disciplines, et surtout mélomane de longue date, comment peut-on comprendre et décrire ce pouvoir ?
Plus d'aires cérébrales sont affectées au traitement de la musique qu'à celui du langage : l'homme est donc véritablement une espèce musicale. Bien des exemples le montrent, évoqués par Sacks avec la force et le talent qu'on lui connaît, depuis ce chirurgien frappé par la foudre qui devient soudain pianiste à l'âge de quarante-deux ans jusqu'au frère de Wittgenstein, pianiste et manchot, en passant par les handicapés mentaux mélomanes.
La musique est médicalement bienfaisante : elle anime des parkinsoniens incapables de se mouvoir, apaise des patients atteints de la maladie d'Alzheimer et parvient même à restituer des souvenirs à certains amnésiques.
Notre dimension musicale est ici décrite dans son étendue et sa profondeur, d'un point de vue scientifique, philosophique, et spirituel.
Oliver Sacks est médecin ; il est l'auteur de dix livres, notamment L'Éveil, dont l'adaptation cinématographique fut plusieurs fois nominée au x Oscars, et L'Homme qui prenait sa femme pour un chapeau. Il vit à New York, où il enseigne la neurologie et la psychiatrie à l'université Columbia, au Medical center et à l'University Artist. On peut en savoir plus sur son travail en visitant son site www.oliversacks.com.
Traduit de l'anglais par Christian Cler.
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Brève histoire des empires ; comment ils surgissent, comment ils s'effondrent
Gabriel Martinez-Gros
- Seuil
- La Couleur des idées
- 25 Mars 2014
- 9782021163148
Ce livre tout à fait original est un petit essai d'histoire universelle. On pourrait dire aussi qu'il est une philosophie de l'histoire. Dans un style limpide et accessible, l'auteur traverse les siècles et les continents pour livrer une lecture surprenante, stimulante, de l'ascension et du déclin des empires depuis Rome jusqu'aux empires de Chine en passant par l'Islam, les Mongols et l'Inde des Moghols. Cette lecture audacieuse, qui place en son cœur les questions de la violence et de la paix et oppose le centre pacifique de l'empire et ses marges violentes, est inspirée de la pensée d'un grand théoricien de l'État et de l'Islam médiéval qui vécut au XIVe siècle, Ibn Khaldûn. Cette pensée universelle, d'une portée équivalente à celle de Marx ou de Tocqueville, l'une des seules sans doute qui ne soit pas née en Occident, est, plus qu'un fil rouge, l'armature de ce texte qui nous fait voyager à travers l'histoire des âges impériaux et entend aussi pointer tout ce que notre monde démocratique, né de la Révolution industrielle, a d'exceptionnel – peut-être d'éphémère.
Professeur d'histoire médiévale du monde musulman à l'université Paris Ouest Nanterre La Défense, Gabriel Martinez-Gros est l'un des meilleurs spécialistes de l'Islam classique. Il a dirigé, avec Lucette Valensi, l'Institut d'études de l'Islam et des sociétés du monde musulman (IISMM/EHESS) jusqu'en 2002. Il notamment publié Ibn Khaldûn et les sept vies de l'Islam (Sindbad, 2006) et L'Islam en dissidence (Seuil, 2004, avec Lucette Valensi; réédité en " Points Histoire " sous le titre L'Islam, l'islamisme et l'Occident, 2013).
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La révolution des sentiments : Comment faire une cité, 1789-1794
Sophie Wahnich
- Seuil
- La Couleur des idées
- 29 Mars 2024
- 9782021508598
Sophie Wahnich est directrice de recherche au CNRS. Elle a publié notamment : L’Impossible citoyen. L'étranger dans le discours de la Révolution française (Albin Michel, 1997), La Liberté ou la mort. Essai sur la Terreur et le terrorisme (La Fabrique, 2003), La Longue Patience du peuple (Payot, 2008), La Révolution française expliquée en images (Seuil, 2019).
Les révolutionnaires français n’ont jamais cessé de redouter le risque majeur de toute révolution : qu’elle bascule dans la guerre civile. Celle-ci advient lorsque les sentiments sociaux, les affects qui relient les humains entre eux ont été déniés, bafoués, ou empêchés. Au lendemain des mois terribles de l’hiver et du printemps 1794, Saint-Just constate ainsi, lucide, que « la révolution est glacée ».
Les révolutionnaires comprennent que ce ne sont pas « la machine à gouvernement » et ses lois de contraintes qui pourront réparer une société meurtrie ni instaurer l'harmonie espérée, mais bien l'ensemble des institutions civiles. Instituer des lieux où le peuple se rassemble fera renaître sa sensibilité comme faculté de juger.
L’amour, l’amitié, le courage, la confiance, la foi en l’impossible, tous ces sentiments républicains sont sollicités pour déjouer une économie cruelle, réduire la division sociale, faire cesser les conflits religieux, promouvoir le pouvoir politique de chacun des citoyens. Alors pourra se constituer un nouvel art de vivre plein d’humanité, seule garantie d’une nouvelle « communauté des affections ».
En se tournant vers ce passé mal compris, Sophie Wahnich cherche aussi des outils pour faire face à ce qui peut advenir aujourd'hui. -
Pour une écologie de l'attention
Yves Citton
- Seuil
- La Couleur des idées
- 25 Septembre 2014
- 9782021181449
Économie de l'attention, incapacité de se concentrer, armes de distraction massive, googlisation des esprits : d'innombrables publications dénoncent le déferlement d'images et d'informations qui, de la télévision à Internet en passant par les jeux vidéo, condamnerait notre jeunesse à un déficit attentionnel pathologique.
Cet essai propose une vision d'ensemble de ces questions qui prend à contre-pied les lamentations courantes. Oui, la sur-sollicitation de notre attention est un problème à mettre au cœur de nos analyses économiques, de nos réformes pédagogiques, de nos réflexions éthiques et de nos luttes politiques. Mais, non, l'avènement du numérique ne nous condamne pas à une dissipation abrutissante.
Comment rediriger notre attention ? À quoi en accorder ? Faut-il que chacun apprenne à " gérer " ses ressources attentionnelles pour être plus " compétitif ", ou faut-il plutôt nous rendre mieux attentifs les uns aux autres ainsi qu'aux défis environnementaux (climatiques et sociaux) qui menacent notre milieu existentiel ? Ce livre défend la seconde voie. Il pose les fondements d'une écologie de l'attention comme alternative à une suroccupation qui nous écrase. Il espère que vous trouverez le temps de le lire...
Yves Citton est professeur de littérature à l'Université de Grenoble et co-directeur de la revue Multitudes. Il a notamment publié Renverser l'insoutenable (Seuil, 2012) et dirigé un ouvrage collectif intitulé L'Économie de l'attention. Nouvel horizon du capitalisme ? (La Découverte, 2014).
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Le demon de la theorie. litterature et sens commun
Antoine Compagnon
- Seuil
- La Couleur des idées
- 25 Décembre 2014
- 9782021228083
Après le temps de la critique et de l'histoire littéraire, vint le temps de la théorie littéraire, ou plutôt des théories littéraires, qui se sont relayées et affrontées durant ces quarante dernières années. Elles s'accordent néanmoins sur le refus de toute psychologie, sur un certain formalisme, et d'abord sur la volonté de réfuter le sens commun, les idées " populaires " sur la littérature : l'auteur comme autorité donnant son sens au texte ; le monde comme sujet et matière de l'œuvre ; la lecture comprise comme conversation entre l'auteur et le lecteur ; le style comme choix d'une manière d'écrire ; l'histoire littéraire comme majestueuse procession des grands écrivains ; la valeur comme propriété objective du canon littéraire.
La théorie a ébranlé ces repères du sens commun, mais le sens commun a résisté à la théorie. Et celle-ci a souvent dû forcer la note pour réduire son adversaire au silence, au risque de s'enfermer dans des paradoxes. C'est le combat de la théorie et du sens commun que ce livre retrace, sans se limiter au domaine français. Le temps est en effet venu d'évaluer nos bonnes années de théorie littéraire afin d'en suggérer un premier bilan.
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Vivant jusqu'à la mort ; fragments
Paul Ricoeur
- Seuil
- La Couleur des idées
- 25 Février 2014
- 9782021069099
Dans cette très belle méditation, un philosophe se débat avec l'espérance de survivre, tout en se trouvant dans l'impossibilité intellectuelle et spirituelle d'acquiescer à toute vision naïve d'un autre monde qui serait le monde en double, ou la copie, de ce monde-ci. Il faut faire le deuil de toute image, de toute représentation.
C'est en 1996 que Paul Ricœur, âgé de 83 ans, ose la question : " Que puis-je dire de ma mort ? " Comment " faire le deuil d'un vouloir-exister après la mort " ? Cette longue réflexion sur le mourir, sur le moribond et son rapport à la mort, également sur l'après-vie (la résurrection), passe par deux médiations : des textes de survivants des camps (Semprun, Lévi) et une confrontation avec un livre du grand exégète Xavier Léon-Dufour sur la résurrection.
La seconde partie du livre est faite de textes écrits en 2004 et 2005, que le philosophe a lui-même appelés " fragments " (sur le " temps de l'œuvre " et le " temps de la vie ", sur le hasard d'être né chrétien, sur l'imputation d'être un philosophe chrétien, sur la controverse, sur Derrida, sur le Notre-Père ...). Textes courts, rédigés parfois d'une main tremblante, alors qu'il est déjà fatigué. Le dernier, de Pâques 2005, a été écrit un mois avant sa mort.
Paul Ricoeur, grand philosophe du XXe siècle, est décédé le 20 mai 2005.
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L'ombre du monde ; une anthropologie de la condition carcérale
Didier Fassin
- Seuil
- La Couleur des idées
- 8 Janvier 2015
- 9782021179606
Invention récente puisqu'elle n'a guère plus de deux siècles, la prison est devenue, partout dans le monde, la peine de référence. L'atteste, en France, le doublement de la population carcérale au cours des trois dernières décennies. Comment comprendre la place qu'elle occupe dans la société contemporaine ? Et comment expliquer que le tournant punitif affecte avec une telle intensité certaines catégories de personnes ? Pour tenter de répondre à ces questions, Didier Fassin a conduit au long de quatre années une enquête dans une maison d'arrêt.
Analysant l'ordinaire de la condition carcérale, il montre comment la banalisation de l'enfermement a renforcé les inégalités socio-raciales et comment les avancées des droits se heurtent aux logiques d'ordre et aux pratiques sécuritaires. Mais il analyse aussi les attentions et les accommodements du personnel pénitentiaire, les souffrances et les micro-résistances des détenus, la manière dont la vie au dedans est traversée par la vie du dehors. La prison apparaît ainsi comme à la fois le reflet de la société et le miroir dans lequel elle se réfléchit. Plutôt que l'envers du monde social, elle en est l'inquiétante ombre portée.
Didier Fassin est professeur de sciences sociales à l'Institute for Advanced Study de Princeton et directeur d'études à l'EHESS. Il a notamment publié La Force de l'ordre (Seuil, 2011) et La Raison humanitaire (Hautes Études-Gallimard-Seuil, 2010).