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La Gibecière à Mots
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Emile Gaboriau (1832-1873) "Il y a de cela trois ou quatre mois, un homme d'une quarantaine d'années, correctement vêtu de noir, se présentait aux bureaux de rédaction du Petit Journal. Il apportait un manuscrit d'une écriture à faire pâmer d'aise l'illustre Brard, le prince des calligraphes. - Je repasserai, nous dit-il, dans une quinzaine, savoir ce que vous pensez de mon travail. Religieusement le manuscrit fut placé dans le carton des « ouvrages à lire, » personne n'ayant eu la curiosité d'en dénouer la ficelle... Et le temps passa... Je dois ajouter qu'on dépose beaucoup de manuscrits au Petit Journal, et que l'emploi de lecteur n'y est pas une sinécure. Le monsieur, cependant, ne reparut pas, et on l'avait oublié, quand un matin celui de nos collaborateurs qui est chargé des lectures, nous arriva tout émoustillé. - Par ma foi ! s'écria-t-il en entrant, je viens de lire quelque chose de véritablement extraordinaire..." A Paris, dans le quartier des Batignolles, un "petit vieux" est retrouvé assassiné. Méchinet, agent de la sûreté, se lance sur la piste du ou des meurtriers ; Godeuil, son voisin et étudiant en médecine, s'associe à lui dans cette enquête... Court roman suivi de 5 nouvelles : "Bonheur passe richesse" - "la soutane de Nessus" - "Une disparition" - "Maudite maison" - "Casta vixit"
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Molière (1622-1673) "DU CROISY : Seigneur la Grange. LA GRANGE : Quoi ? DU CROISY : Regardez-moi un peu sans rire. LA GRANGE : Hé bien ? DU CROISY : Que dites-vous de notre visite ? En êtes-vous fort satisfait ? LA GRANGE : À votre avis, avons-nous sujet de l'être tous deux ? DU CROISY : Pas tout à fait, à dire vrai. LA GRANGE : Pour moi, je vous avoue que j'en suis tout scandalisé. A-t-on jamais vu, dites-moi, deux pecques provinciales faire plus les renchéries que celles-là, et deux hommes traités avec plus de mépris que nous ? À peine ont-elles pu se résoudre à nous faire donner des sièges. Je n'ai jamais vu tant parler à l'oreille qu'elles ont fait entre elles, tant bâiller, tant se frotter les yeux, et demander tant de fois : Quelle heure est-il ? Ont-elles répondu que oui et non à tout ce que nous avons pu leur dire ? et ne m'avouerez-vous pas enfin que, quand nous aurions été les dernières personnes du monde, on ne pouvoit nous faire pis qu'elles ont fait ?" Comédie en 1 acte
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Victor Hugo (1802-1885) "En 1815, M. Charles-François-Bienvenu Myriel était évêque de Digne. C'était un vieillard d'environ soixante-quinze ans ; il occupait le siège de Digne depuis 1806. Quoique ce détail ne touche en aucune manière au fond même de ce que nous avons à raconter, il n'est peut-être pas inutile, ne fût-ce que pour être exact en tout, d'indiquer ici les bruits et les propos qui avaient couru sur son compte au moment où il était arrivé dans le diocèse. Vrai ou faux, ce qu'on dit des hommes tient souvent autant de place dans leur vie et surtout dans leur destinée que ce qu'ils font. M. Myriel était fils d'un conseiller au parlement d'Aix ; noblesse de robe. On contait de lui que son père, le réservant pour hériter de sa charge, l'avait marié de fort bonne heure, à dix-huit ou vingt ans, suivant un usage assez répandu dans les familles parlementaires. Charles Myriel, nonobstant ce mariage, avait, disait-on, beaucoup fait parler de lui. Il était bien fait de sa personne, quoique d'assez petite taille, élégant, gracieux, spirituel ; toute la première partie de sa vie avait été donnée au monde et aux galanteries." La route de Jean Valjean, bagnard libéré, croise celle de Mgr Myriel. Cette rencontre va transformer l'ancien bagnard qui, au regard de la loi et des gens, reste à vie un bagnard... "Fantine" est le premier tome des "Misérables"
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Honoré de Balzac (1799-1850) "En entrant à Nemours du côté de Paris, on passe sur le canal du Loing, dont les berges forment à la fois de champêtres remparts et de pittoresques promenades à cette jolie petite ville. Depuis 1830, on a malheureusement bâti plusieurs maisons en deçà du pont. Si cette espèce de faubourg s'augmente, la physionomie de la ville y perdra sa gracieuse originalité. Mais, en 1829, les côtés de la route étant libres, le maître de poste, grand et gros homme d'environ soixante ans, assis au point culminant de ce pont, pouvait, par une belle matinée, parfaitement embrasser ce qu'en termes de son art on nomme un ruban de queue. Le mois de septembre déployait ses trésors, l'atmosphère flambait au-dessus des herbes et des cailloux, aucun nuage n'altérait le bleu de l'éther dont la pureté partout vive, et même à l'horizon, indiquait l'excessive raréfaction de l'air. Aussi, Minoret-Levrault, ainsi se nommait le maître de poste, était-il obligé de se faire un garde-vue avec une de ses mains pour ne pas être ébloui. En homme impatienté d'attendre, il regardait tantôt les charmantes prairies qui s'étalent à droite de la route et où ses regains poussaient, tantôt la colline chargée de bois qui, sur la gauche, s'étend de Nemours à Bouron. Il entendait dans la vallée du Loing, où retentissaient les bruits du chemin repoussés par la colline, le galop de ses propres chevaux et les claquements de fouet de ses postillons. Ne faut-il pas être bien maître de poste pour s'impatienter devant une prairie où se trouvaient des bestiaux comme en fait Paul Potter, sous un ciel de Raphaël, sur un canal ombragé d'arbres dans la manière d'Hobbéma ? Qui connaît Nemours sait que la nature y est aussi belle que l'art, dont la mission est de la spiritualiser : là, le paysage a des idées et fait penser. Mais à l'aspect de Minoret-Levraut, un artiste aurait quitté le site pour croquer ce bourgeois, tant il était original à force d'être commun. Réunissez toutes les conditions de la brute, vous obtenez Caliban, qui, certes, est une grande chose. Là où la Forme domine, le Sentiment disparaît." Le docteur Minoret revient finir sa vie tranquillement à Nemours ; il est accompagné de sa pupille, Ursule Mirouët. Il a fait de celle-ci sa légataire universelle. Mais c'est sans compter sur ses héritiers qui convoitent sa fortune et qui sont bien décidés, à la mort du docteur, de déposséder la jeune fille. Le pire d'entre eux est Minoret-Levrault, le maître de poste, qui est prêt à tout pour être riche...
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Stendhal (1783-1842) "La petite ville de Verrières peut passer pour l'une des plus jolies de la Franche-Comté. Ses maisons blanches avec leurs toits pointus de tuiles rouges s'étendent sur la pente d'une colline, dont des touffes de vigoureux châtaigniers marquent les moindres sinuosités. Le Doubs coule à quelques centaines de pieds au-dessous de ses fortifications bâties jadis par les Espagnols, et maintenant ruinées. Verrières est abrité du côté du nord par une haute montagne, c'est une des branches du Jura. Les cimes brisées du Verra se couvrent de neige dès les premiers froids d'octobre. Un torrent, qui se précipite de la montagne, traverse Verrières avant de se jeter dans le Doubs, et donne le mouvement à un grand nombre de scies à bois, c'est une industrie fort simple et qui procure un certain bien-être à la majeure partie des habitants plus paysans que bourgeois. Ce ne sont pas cependant les scies à bois qui ont enrichi cette petite ville. C'est à la fabrique des toiles peintes, dites de Mulhouse, que l'on doit l'aisance générale qui, depuis la chute de Napoléon, a fait rebâtir les façades de presque toutes les maisons de Verrières. À peine entre-t-on dans la ville que l'on est étourdi par le fracas d'une machine bruyante et terrible en apparence. Vingt marteaux pesants, et retombant avec un bruit qui fait trembler le pavé, sont élevés par une roue que l'eau du torrent fait mouvoir. Chacun de ces marteaux fabrique, chaque jour, je ne sais combien de milliers de clous. Ce sont de jeunes filles fraîches et jolies qui présentent aux coups de ces marteaux énormes les petits morceaux de fer qui sont rapidement transformés en clous. Ce travail, si rude en apparence, est un de ceux qui étonnent le plus le voyageur qui pénètre pour la première fois dans les montagnes qui séparent la France de l'Helvétie. Si, en entrant à Verrières, le voyageur demande à qui appartient cette belle fabrique de clous qui assourdit les gens qui montent la grande rue, on lui répond avec un accent traînard : Eh ! elle est à M. le maire." Le jeune Julien Sorel, fils de charpentier franc-comtois et passionné de Napoléon, semble se destiner à la prêtrise. Il devient le précepteur des enfants du maire, M. de Rênal. Il tombe amoureux de l'épouse de celui-ci.
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Prosper Mérimée (1803-1870). Dans l'île de Beauté, la famille d'Orso della Rebbia, ancien officier de la grande armée, est en guerre contre la famille voisine : les Barriccini, accusés d'avoir assassiné le chef de famille Ghilfuccio, le père d'Orso et de sa soeur Colomba. Colomba, aussi farouche et fière que son île et véritable gardienne des traditions corses, rappelle à son frère, lors de son retour au pays, que son rôle est de mener la vendetta et de venger leur père. Orso préférerait une solution plus "continentale", plus légale...
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Ce recueil de nouvelles, lettres et contes, nous promène à travers la Provence et nous livre quelques portraits de personnages pittoresques et attachants, tels que le meunier, le douanier, le "félibre" ou encore le curé gourmand. Il ne manque plus que le chant des cigales. "Les lettres de mon moulin" reste l'oeuvre la plus connue d'Alphonse Daudet.
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Les rêveries du promeneur solitaire
Jean-Jacques Rousseau
- La Gibecière à Mots
- 26 Mai 2016
- 9782374630120
Ces "rêveries du promeneur solitaire" sont les derniers écrits du philosophe genevois; publiés posthumément. La dixième promenade est restée inachevée. Rédigées au cours de ses deux dernières années, ces promenades sont une véritable introspection sur lui-même et un appel à un bonheur simple grâce à la contemplation et aux petits plaisirs que nous apporte la vie. Mais ces promenades et ces rêveries où se mêlent souvenirs et méditations étaient-elles vraiment destinées à être lues par d'autres personnes que Rousseau lui-même ?
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André Gide (1869-1951) "10 Février 189... La neige qui n'a pas cessé de tomber depuis trois jours, bloque les routes. Je n'ai pu me rendre à R... où j'ai coutume depuis quinze ans de célébrer le culte deux fois par mois. Ce matin trente fidèles seulement se sont rassemblés dans la chapelle de La Brévine. Je profiterai des loisirs que me vaut cette claustration forcée, pour revenir en arrière et raconter comment je fus amené à m'occuper de Gertrude. J'ai projeté d'écrire ici tout ce qui concerne la formation et le développement de cette âme pieuse, qu'il me semble que je n'ai fait sortir de la nuit que pour l'adoration et l'amour. Béni soit le Seigneur pour m'avoir confié cette tâche. Il y a deux ans et six mois, comme je remontais de la Chaux-de-Fond, une fillette que je ne connaissais point vint me chercher en toute hâte pour m'emmener à sept kilomètres de là, auprès d'une pauvre vieille qui se mourait. Le cheval n'était pas dételé ; je fis monter l'enfant dans la voiture, après m'être muni d'une lanterne, car je pensai ne pas pouvoir être de retour avant la nuit." roman court. Dans la région neufchâteloise (Suisse), à la fin du XIXe siècle, un pasteur recueille, malgré les réticences de son épouse, une jeune fille aveugle dont la tante, sa seule parente, vient de décéder. Les voisins disent qu'elle est aussi muette, voire arriérée. Dans son journal, le pasteur consigne l'éducation qu'il donne à la jeune aveugle...
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Joris-Karl Huysmans (1848-1907) "Deux heures du matin sonnèrent. Céline fit à sa soeur cette inepte plaisanterie qui consiste à placer son doigt près du nez d'une personne endormie et à la réveiller brusquement. Désirée frappa sa narine gauche contre l'index de Céline. - Que c'est bête ! cria-t-elle. Les femmes se tordirent. - Allons, mesdames, un peu de silence, hasarda la contremaître. L'on entendit comme un long bourdonnement que traversa soudain la flûte d'un rire, puis deux voix claironnèrent, soutenues par le ronronnement des presses, une chanson patriotique. Les gosiers des hommes, des gosiers saccagés par le trois-six, tonnèrent également, trouant de leur toux rauque les cris grêles des filles : « Il est mort, soldat stoïque, Il est mort pour la républi-ique ! » - Allons, mesdames, un peu de silence, hasarda la contremaître." Désirée et Céline sont soeurs et travaillent comme brodeuses. La journée terminée, Désirée reste au foyer afin de s'occuper de ses parents, alors que Céline préfère sortir pour s'amuser...
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Honoré de Balzac (1799-1850) "Dans une des moins importantes Préfectures de France, au centre de la ville, au coin d'une rue, est une maison ; mais les noms de cette rue et de cette ville doivent être cachés ici. Chacun appréciera les motifs de cette sage retenue exigée par les convenances. Un écrivain touche à bien des plaies en se faisant l'annaliste de son temps !... La maison s'appelait l'hôtel d'Esgrignon ; mais sachez encore que d'Esgrignon est un nom de convention, sans plus de réalité que n'en ont les Belval, les Floricour, les Derville de la comédie, les Adalbert ou les Monbreuse du roman. Enfin, les noms des principaux personnages seront également changés. Ici l'auteur voudrait rassembler des contradictions, entasser des anachronismes, pour enfouir la vérité sous un tas d'invraisemblances et de choses absurdes ; mais, quoi qu'il fasse, elle poindra toujours, comme une vigne mal arrachée repousse en jets vigoureux, à travers un vignoble labouré. L'hôtel d'Esgrignon était tout bonnement la maison où demeurait un vieux gentilhomme, nommé Charles-Marie-Victor-Ange Carol, marquis d'Esgrignon ou des Grignons, suivant d'anciens titres. La société commerçante et bourgeoise de la ville avait épigrammatiquement nommé son logis un hôtel, et depuis une vingtaine d'années la plupart des habitants avaient fini par dire sérieusement l'hôtel d'Esgrignon en désignant la demeure du marquis. Le nom de Carol (les frères Thierry l'eussent orthographié Karawl) était le nom glorieux d'un des plus puissants chefs venus jadis du Nord pour conquérir et féodaliser les Gaules. Jamais les Carol n'avaient plié la tête, ni devant les Communes, ni devant la Royauté, ni devant l'Église, ni devant la Finance. Chargés autrefois de défendre une Marche française, leur titre de marquis était à la fois un devoir, un honneur, et non le simulacre d'une charge supposée ; le fief d'Esgrignon avait toujours été leur bien. Vraie noblesse de province, ignorée depuis deux cents ans à la cour, mais pure de tout alliage, mais souveraine aux États, mais respectée des gens du pays comme une superstition et à l'égal d'une bonne vierge qui guérit les maux de dents, cette maison s'était conservée au fond de sa province comme les pieux charbonnés de quelque pont de César se conservent au fond d'un fleuve." Les d'Esgrignon sont une vieille famille noble et provinciale, pratiquement ruinée et oubliée du roi Louis XVIII. Le marquis d'Esgrignon voit en son fils Victurnien l'avenir du nom. Celui-ci monte à Paris afin de se mettre au service du roi mais préfère se mettre au service du jeu et s'endette...
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Prosper Mérimée (1803-1870) - Théodore, dit M. le professeur Wittembach, veuillez me donner ce cahier relié en parchemin, sur la seconde tablette, au-dessus du secrétaire ; non pas celui-ci, mais le petit in-octavo. C'est là que j'ai réuni toutes les notes de mon journal de 1866, du moins celles qui se rapportent au comte Szémioth. Le professeur mit ses lunettes, et, au milieu du plus profond silence, lut ce qui suit : LOKIS - avec ce proverbe lithuanien pour épigraphe : « Miszka su Lokiu, Abu du tokiu. » Lorsque parut à Londres la première traduction des Saintes Écritures en langue lithuanienne, je publiai, dans la Gazette scientifique et littéraire de Koenigsberg, un article dans lequel, tout en rendant pleine justice aux efforts du docte interprète et aux pieuses intentions de la Société biblique, je crus devoir signaler quelques légères erreurs, et, de plus, je fis remarquer que cette version ne pouvait être utile qu'à une partie seulement des populations lithuaniennes. En effet, le dialecte dont on a fait usage n'est que difficilement intelligible aux habitants des districts où se parle la langue jomaïtique, vulgairement appelée jmoude, je veux dire dans le palatinat de Samogitie, langue qui se rapproche du sanscrit encore plus peut-être que le haut lithuanien. Cette observation, malgré les critiques furibondes qu'elle m'attira de la part de certain professeur bien connu à l'Université de Dorpat, éclaira les honorables membres du conseil d'administration de la Société biblique, et il n'hésita pas à m'adresser l'offre flatteuse de diriger et de surveiller la rédaction de l'Évangile de saint Matthieu en samogitien." Recueil de 5 nouvelles fantastiques : "Lokis" - " La Vénus d'Ille" - " Vision de Charles XI" - "Federigo" - "Il viccolo di madama Lucrezia"
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Honoré de Balzac (1799-1850) "À Paris, où les hommes d'étude et de pensée ont quelques analogies en vivant dans le même milieu, vous avez dû rencontrer plusieurs figures semblables à celle de monsieur Rabourdin, que ce récit prend au moment où il est Chef de Bureau à l'un des plus importants Ministères : quarante ans, des cheveux gris d'une si jolie nuance que les femmes peuvent à la rigueur les aimer ainsi, et qui adoucissent une physionomie mélancolique ; des yeux bleus pleins de feu, un teint encore blanc, mais chaud et parsemé de quelques rougeurs violentes ; un front et un nez à la Louis XV, une bouche sérieuse, une taille élevée, maigre ou plutôt maigrie comme celle d'un homme qui relève de maladie, enfin une démarche entre l'indolence du promeneur et la méditation de l'homme occupé. Si ce portrait fait préjuger un caractère, la mise de l'homme contribuait peut-être à le mettre en relief. Rabourdin portait habituellement une grande redingote bleue, une cravate blanche, un gilet croisé à la Robespierre, un pantalon noir sans sous-pieds, des bas de soie gris et des souliers découverts. Rasé, lesté de sa tasse de café dès huit heures du matin, il sortait avec une exactitude d'horloge, et passait par les mêmes rues en se rendant au Ministère, mais si propre, si compassé que vous l'eussiez pris pour un Anglais allant à son ambassade. À ces traits principaux, vous devinez le père de famille harassé par des contrariétés au sein du ménage, tourmenté par des ennuis au Ministère, mais assez philosophe pour prendre la vie comme elle est ; un honnête homme aimant son pays et le servant, sans se dissimuler les obstacles que l'on rencontre à vouloir le bien ; prudent parce qu'il connaît les hommes, d'une exquise politesse avec les femmes parce qu'il n'en attend rien ; enfin, un homme plein d'acquis, affable avec ses inférieurs, tenant à une grande distance ses égaux, et d'une haute dignité avec ses chefs." "Espionnage et Manigances" sont les deux mamelles de ces fonctionnaires. Le chef de division décède... la place est à prendre...
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Emile Zola (1840-1902) Emile Zola écrivit "Naïs Micoulin" lors de d'un séjour à l'Estaque où il tentait d'oublier le scandale provoqué par son roman "l'Assomoir". Ce recueil de 6 nouvelles nous montre un Zola bien différent de celui des "Rougon-Macquart". Mais quels portraits de la femme nous peint-il ! froide, calculatrice et vampirique même ! "Naïs Micoulin et autres nouvelles a été publié en 1884.
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Les déboires de François Lepic (que tout le monde surnomme "Poil de Carotte" à cause de la couleur de ses cheveux) naviguant entre une mère qui ne l'aime pas, un père indolent, une soeur et un frère profitant de la situation. "Poil de carotte", c'est Jules Renard, l'enfant non désiré d'un couple qui ne s'aime pas, l'enfant mal aimé d'une mère qui exaspère tout le monde. Jules Renard aborde ce drame de l'enfance avec une bonne dose d'humour ! Mais dans un autre roman : "les cloportes", il dresse un portrait féroce et sans concession de cette mère.
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Gaston Leroux (1868-1927) Un chercheur et sa fille travaillent sur la "dissociation de la matière"... Un assassin qui semble aussi se dissocier... Une pièce hermétiquement close... une victime et plus d'assassin... Voilà ! le mystère de la chambre jaune est en place ! Mystère qui n'attend plus que le jeune reporter Joseph Rouletabille pour associer tous les éléments, même les plus invraisemblables, afin de dénouer ce drame surréaliste à multiples rebondissements. Ce roman-feuilleton fut édité pour la première fois par le journal "L'Illustration" en 1907. Roulletabille s'appelait alors Boitabille !
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Arthur Conan Doyle (1859-1930) "J'avais toujours eu de la sympathie, au journal, pour le chef du service des nouvelles, Mc Ardle, un petit vieux bourru, voûté, roux de poil ; et j'espérais ne lui être pas antipathique. Bien entendu, le vrai patron, c'était Beaumont ; mais il vivait dans l'atmosphère raréfiée d'une sorte de région olympienne, où rien ne parvenait jusqu'à lui qui n'eût au moins l'importance d'une scission dans le Cabinet ou d'une crise internationale. Nous le voyions de temps en temps gagner les ombres de son sanctuaire : il passait solitaire et majestueux, les yeux vagues, l'esprit tourné vers les Balkans ou le Golfe Persique. Il planait au-dessus de nous, loin de nous. Nous ne connaissions que Mc Ardle. Mc Ardle le représentait devant nous. Quand j'entrai dans la pièce où il se tenait, le bonhomme me fit un petit salut de la tête, et relevant ses besicles jusqu'au sommet de son crâne chauve : - Eh bien, mais... il me semble que vous vous tirez d'affaire, monsieur Malone, dit-il avec un accent écossais tout plein de bienveillance. Je le remerciai. - Parfaite, votre relation du coup de grisou. Celle de l'incendie de Southwark était déjà excellente. Vous avez la note. Mais vous désirez me parler, je crois ? - J'ai à vous demander une faveur. Ses yeux inquiets m'évitèrent. - Ah bah ! et de quoi s'agit-il ?" Faut-il croire le professeur Challenger, un savant acariâtre et misanthrope, quand il affirme qu'il existe un endroit, en Amazonie, où les animaux préhistoriques vivent encore ? Une expédition est montée ; elle est composée du professeur Challenger, de son adversaire le professeur Summerlee, de l'explorateur Lord Roxton et du journaliste Malone qui est le narrateur de cette aventure... Premier opus des "aventures du professeur Challenger" par le père de Sherlock Holmes.
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Arsène Lupin, gentleman cambrioleur
Maurice Leblanc, Etienne Leterrier
- La Gibecière à Mots
- 4 Mai 2016
- 9782374630021
C'est avec ce recueil de neuf nouvelles que nous faisons connaissance du gentleman cambrioleur, Arsène Lupin. Bien qu'insaisissable de par ses multiples métamorphoses et facettes, Arsène Lupin gagne vite la faveur du public grâce à sa gouaille, sa désinvolture apparente, le fait qu'il ne s'en prend qu'aux voleurs, aux escrocs et puis... il ne tue pas ! Arsène Lupin a fait son apparition, pour la première fois, dans le magazine "Je sais tout" de juillet 1905, avec la nouvelle "l'arrestation d'Arsène Lupin".
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Georges Bernanos (1888-1948) "Voici l'heure du soir qu'aima P. J. Toulet. Voici l'horizon qui se défait - un grand nuage d'ivoire au couchant et, du zénith au sol, le ciel crépusculaire, la solitude immense, déjà glacée, - plein d'un silence liquide... Voici l'heure du poète qui distillait la vie dans son coeur, pour en extraire l'essence secrète, embaumée, empoisonnée. Déjà la troupe humaine remue dans l'ombre, aux mille bras, aux mille bouches ; déjà le boulevard déferle et resplendit... Et lui, accoudé à la table de marbre, regardait monter la nuit, comme un lis. Voici l'heure où commence l'histoire de Germaine Malorthy, du bourg de Terninques, en Artois. Son père était un de ces Malorthy du Boulonnais qui sont une dynastie de meuniers et de minotiers, tous gens de même farine, à faire d'un sac de blé bonne mesure, mais larges en affaires, et bien vivants. Malorthy le père vint le premier s'établir à Campagne, s'y maria et, laissant le blé pour l'orge, fit de la politique et de la bière, l'une et l'autre assez mauvaises. Les minotiers de Doeuvres et de Marquise le tinrent dès lors pour un fou dangereux, qui finirait sur la paille, après avoir déshonoré des commerçants qui n'avaient jamais rien demandé à personne qu'un honnête profit. « Nous sommes libéraux de père en fils », disaient-ils, voulant exprimer par là qu'ils restaient des négociants irréprochables... Car le doctrinaire en révolte, dont le temps s'amuse avec une profonde ironie, ne fait souche que de gens paisibles. La postérité spirituelle de Blanqui a peuplé l'enregistrement, et les sacristies sont encombrées de celle de Lamennais." La jeune Mouchette, séduite par le marquis de Cadignan, tombe enceinte ; abandonnée par le marquis, elle le tue et devient la maîtresse de l'officier de santé Gallet qui refuse néanmoins de l'avorter. Son chemin croise celui de l'abbé Donissan, un prêtre doutant de ses propres capacités et tourmenté par l'action de Satan qu'il voit partout...
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Alexandre Dumas (1802-1870) "C'était pendant une de ces longues et charmantes soirées que nous passions, durant l'hiver de 1841, chez la princesse Galitzin, à Florence. Il avait été convenu que, dans cette soirée, chacun raconterait son histoire. Cette histoire ne pouvait être qu'une histoire fantastique, et chacun avait déjà raconté la sienne, à l'exception du comte Élim. Le comte Élim était un beau grand jeune homme blond, mince, pâle, et d'un aspect mélancolique, que faisaient parfois d'autant mieux ressortir des accès de folle gaieté qui lui prenaient comme une fièvre, et qui se passaient de même. Plusieurs fois déjà la conversation était tombée, devant lui, sur des sujets pareils ; et toutes les fois qu'il avait été question d'apparitions, et que nous lui avions demandé son avis, il nous avait répondu avec cet accent de vérité qui n'admet pas de doute : - J'y crois. Pourquoi y croyait-il ? Personne ne le lui avait jamais demandé ; d'ailleurs, en pareille matière, on croit ou l'on ne croit pas, et l'on serait fort embarrassé de donner une raison quelconque de sa croyance ou de son incrédulité. Certes, Hoffmann croyait à la réalité de tous ses personnages : il avait vu maître Floh et avait connu Coppelius. Tant il y a que, lorsque le comte Élim, à propos des histoires les plus étranges de spectres, d'apparitions et de revenants, nous avait répondu : « J'y crois », personne n'avait douté qu'effectivement il n'y crût. Lorsque le tour du comte Élim fut venu de raconter son histoire, chacun se tourna donc avec une grande curiosité vers lui..." Le comte Elim se perd dans la forêt, lors d'une chasse, et parvient à un étrange château : il est hanté... Toute comtesse d'Eppstein mourant le jour de Noël n'est qu'à moitié morte. C'est le cas de la comtesse Albine dont le fantôme continue de protéger son fils Everard, rejeté et abandonné par son père, le comte Maximilien...
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Les caprices de Marianne
Alfred de Musset, Olivier Decroix
- La Gibecière à Mots
- 23 Août 2016
- 9782374630342
Alfred de Musset (1810-1857) A Naples, le jeune Coelio est amoureux de Marianne, l'épouse du riche juge Claudio... Sous couvert d'une comédie en 2 actes, c'est bien d'un drame qu'il s'agit. Alfred de Musset savait très bien allier romantisme et dérision. C'est en 1833 que la pièce de théâtre "les "caprices de Marianne" fut publiée mais ce n'est qu'en 1851 qu'elle fut interprétée à la Comédie Française". Ce n''est pas d'aujourd'hui que les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus !
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Charles Barbara (1817-1866) "Dans une chambre claire, inondée des rayons du soleil d'avril, deux jeunes gens déjeunaient et causaient. Le plus jeune, d'apparence frêle, avec des cheveux blonds, des yeux extrêmement vifs, une physionomie à traits prononcés où se peignait un caractère ferme, faisait, à côté de l'autre, qui avait des joues encore roses, des buissons de cheveux bruns et cet oeil langoureux particulier aux natures indécises qu'un rien abat et décourage, un contraste saisissant. Le blond disait Rodolphe en s'adressant au brun, et ce dernier appelait Max le jeune homme aux yeux bleus, dont le vrai nom était Maximilien Destroy. C'étaient deux camarades d'enfance et de collège ; ils devisaient sur la littérature, et Rodolphe qui, dans un état de marasme, était venu voir son ami avec l'espoir d'un allégement, s'appesantissait sur les mécomptes, l'amertume, les épines sans roses de la vie d'artiste. Au contraire, il semblait que Max se fît un jeu d'ajouter à cette mélancolie." Publié en 1855, "L'assassinat du Pont-Rouge" est considéré comme le premier roman policier français. Le corps d'un agent de change est retrouvé dans la Seine. L'enquête a conclu à un suicide. Mais était-ce bien un suicide ?
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La princesse de Clèves
Madame de La Fayette, Geneviève Winter
- La Gibecière à Mots
- 25 Avril 2017
- 9782374631202
Madame de la Fayette (1634-1693)
"La magnificence et la galanterie n'ont jamais paru en France avec tant d'éclat que dans les dernières années du règne de Henri second..." Marie-Madeleine Pioche de la Vergne, comtesse de la Fayette, n'a peut-être pas écrit seule, la « princesse de Clèves » mais c'est bien elle qui en eut l'idée et qui en fut l'architecte. Ce roman fut d'ailleurs publié une première fois en 1678 anonymement. Madame de la Fayette nous parle de la passion amoureuse, l'asservissement amoureux mais aussi du jeu de l'amour et cela dans une cour où tout ne paraît que divertissement. -
Alfred de Musset (1810-1857). Alfred de Musset, génie de la littérature, nous offre un drame avec "On ne badine pas avec l'amour", écrit en 1834. Mais est-ce le drame des rêves de jeunesse ou celui de l'orgueil ? sûrement les deux.