Créé par les Avocats du Diable, le Prix de la Nouvelle Érotique propose un nouveau défi littéraire : écrire durant la nuit la plus longue une nouvelle inédite en respectant la double contrainte d'un contexte et d'un mot final.
Du plus cru au plus sentimental, du fétichisme à l'humour lexical, les nouvelles de cette deuxième édition déclinent la contrainte « Est épris qui croyait prendre » et la chute : « Ricochet ». Les meilleurs auteurs de littérature érotique se sont pris à ce jeu qui replace l'érotisme dans la littérature d'aujourd'hui.
Henry Gréville, pseudonyme de Alice Marie Céleste Durand née Fleury (1842-1902), a publié de nombreux romans, des nouvelles, des pièces, de la poésie ; elle a été à son époque un écrivain à succès. Extrait : Mais comme, à côté de cela, François n'aurait pas permis de toucher du bout du doigt à son trésor, il fallait, pour concilier les deux choses, tourmenter Geneviève en cachette de son mari. Si celle-ci avait regimbé sous le premier coup de fouet, Victoire en fût peut-être restée là après une violente querelle avec son fils. La jeune femme n'avait rien dit. Mais alors, le plaisir de la tourmenter devenait un véritable devoir, car il ne faut pas permettre à ces fausses humilités d'écraser leurs supérieurs naturels par l'apparence d'une modération au fond pleine d'orgueil !
Henry Gréville, pseudonyme de Alice Marie Céleste Durand née Fleury (1842-1902), a publié de nombreux romans, des nouvelles, des pièces, de la poésie ; elle a été à son époque un écrivain à succès. Extrait : Georges regarda sa femme d'un air singulier, moitié reproche, moitié raillerie ; mariés depuis deux mois à peine, ils se sentaient aussi étrangers l'un à l'autre que s'ils fussent venus des extrémités de la terre se rencontrer par hasard dans ce salon banal, pour se séparer cinq minutes après. Ce n'était pas la faute du mari ; ce n'était peut-être pas non plus celle de la femme ; c'était probablement celle des parents qui avaient arrangé ce mariage pour la plus grande gloire de leurs fortunes et de leurs convenances. Les jeunes époux ne devraient-ils pas hériter conjointement un jour d'une propriété à mur mitoyen ? Ce mariage épargnait bien des procès dans l'avenir ; les conditions d'âge étaient satisfaisantes ; Georges n'avait pas d'objection valable à présenter ; Berthe le trouvait aimable et joli garçon ; la cérémonie eut lieu, et, vingt-quatre heures après, les mariés s'apercevaient qu'ils n'avaient aucun point de sympathie commune.
François Édouard Joachim Coppée, né le 26 janvier 1842 à Paris où il est mort le 23 mai 1908, fut le poète populaire et sentimental de Paris et de ses faubourgs, des tableaux de rue intimistes du monde des humbles. Extrait : Comme il l'aimait, dans ce moment-là ! Comme il l'aimait bien ! Sans désirs. Deux nuits d'ivresse les avaient éteints. Mais il était plus tendre encore dans son accablement. Devant le lit préparé, qui embaumait la lavande, devant les deux oreillers jumeaux, il savourait d'avance la volupté délicate de s'abandonner à l'étreinte de son amie, de lui dire bonsoir dans un baiser sans fièvre et de s'endormir sur ce coeur simple, qui ne battait que pour lui.
John Buchan dit Lord Tweedsmuir (Perth, Écosse, 26 août 1875 - Montréal, Québec, 11 février 1940), 1er baron Tweedsmuir d'Elsfield, fils d'un pasteur calviniste, fut le quinzième gouverneur général du Canada, de 1935 à 1940. Également éditeur et écrivain. Extrait : Il me révéla plusieurs faits bizarres donnant l'explication d'un tas de choses qui m'avaient intrigué -- des faits qui se produisirent au cours de la guerre des Balkans : comment un État prit tout à coup le dessus, pourquoi des alliances furent nouées et rompues, pourquoi certains hommes disparurent, et d'où venait le nerf de la guerre. Le but final de la machination était de mettre aux prises la Russie et l'Allemagne.
Autour d'une histoire de probable fin du monde (cette comète-ci sera t'elle enfin la bonne?) l'auteur dresse la liste des fins possibles de notre planète et du système qui l'abrite. Il en profite aussi pour nous rappeler comment l'humanité a pu craindre depuis toujours ce que serait sa propre fin... Cet ouvrage est à la frontière du roman, de l'essai philosophique, et du documentaire scientifico-historique.
Extrait : Un très vieux temple antique s'écroulant - Sur le sommet indécis d'un mont jaune, - Ainsi qu'un roi déchu pleurant son trône ; - Se mire, pâle, au tain d'un fleuve lent ; - Grâce endormie et regard somnolent, - Une naïde âgée, auprès d'une aulne, - Avec un brin de saule agace un faune - Qui lui sourit, bucolique et galant. - Sujet naïf et fade qui m'attristes, - Dis, quel poète entre tous les artistes, - Quel ouvrier morose t'opéra, - Tapisserie usée et surannée, - Banale comme un décor d'opéra, - Factice, hélas ! comme ma destinée ?
Le Mémento de l'assainissement est un guide méthodologique et pratique pour la mise en oeuvre opérationnelle de services d'assainissement liquide dans les pays du Sud.
Il couvre l'ensemble de la filière, de la collecte des eaux usées et boues de vidange jusqu'à leur traitement, et ses recommandations s'appliquent au contexte rural, urbain et semi-urbain.
Destiné aux acteurs concernés par l'élaboration et la gestion d'un service d'assainissement complet, durable et adapté, cet ouvrage propose des pistes de réflexion, des méthodologies ainsi que des outils pour répondre à trois grandes questions.
o Comment décider et planifier un service d'assainissement dans une localité ?
o Quelles sont les étapes et la méthodologie de mise en place de ces services ?
o Comment gérer et suivre durablement ces services ?
L'objectif du Mémento est d'apporter tous les éléments d'aide à la décision aux praticiens en charge de programmes d'assainissement liquide. Il détaille, à chacune des étapes décisionnelles et pour chaque maillon de la filière, les clés de compréhension et les critères de choix entre différentes solutions.
Cet ouvrage se caractérise par son approche globale de la mise en place d'un service : les étapes de conception, de mise en oeuvre et de suivi du fonctionnement du service sont traitées au travers de leurs dimensions techniques, économiques, institutionnelles (acteurs) et de communication.
Le Mémento se distingue également par son traitement pratique, tirant ses enseignements des diverses expériences menées par le Gret sur plusieurs continents. En se fondant sur un cheminement pédagogique et progressif, il propose des chapitres théoriques émaillés de nombreuses études de cas et d'illustrations, une série de fiches techniques ainsi qu'une boîte à outils (disponible sur la clé USB fournie avec cet ouvrage) facilitant la mise en oeuvre opérationnelle.
Un site Internet dédié au Mémento de l'assainissement est disponible à l'adresse suivante : http://memento-assainissement.gret.org.
George Sand est le pseudonyme d'Amantine Aurore Lucile Dupin, baronne Dudevant, romancière, auteur dramatique, critique littéraire française, journaliste, née à Paris le 1er juillet 1804 et morte au château de Nohant-Vic le 8 juin 1876. Elle compte parmi les écrivains prolifiques avec plus de soixante-dix romans à son actif, cinquante volumes d'oeuvres diverses dont des nouvelles, des contes, des pièces de théâtre et des textes politiques. À l'image de son arrière grand-mère par alliance qu'elle admire, Madame Dupin (Louise de Fontaine 1706-1799), George Sand prend la défense des femmes, prône la passion, fustige le mariage et lutte contre les préjugés d'une société conservatrice. George Sand a fait scandale par sa vie amoureuse agitée, par sa tenue vestimentaire masculine, dont elle a lancé la mode, par son pseudonyme masculin, qu'elle adopte dès 18294, et dont elle lance aussi la mode. Extrait : Et il tira de son maigre paquet une grande coquille qui lui servait de tasse, mais dont il avait dédaigné de se servir pour boire. Il la remplit d'eau à diverses reprises et s'en arrosa la tête et la barbe, lavant et frottant avec un soin extrême et une volupté minutieuse cette riche toison noire qui, toute ruisselante, le faisait ressembler à une sauvage divinité des fleuves. Puis, comme le soleil, tombant d'aplomb sur sa nuque et sur son front, commençait à l'incommoder, il arracha des touffes de joncs et d'iris qu'il roula ensemble, et dont il fit un chapeau ou plutôt une couronne de verdure et de fleurs. Le hasard ou un certain goût naturel voulut que cette coiffure se trouvât disposée d'une façon si artiste qu'elle compléta l'idée qu'on pouvait se faire, en le regardant, d'un Neptune antique.
Edmond Dantès, victime d'une dénonciation calomnieuse alors qu'il allait épouser la belle Mercédès, est enfermé pour 14 ans dans un sinistre cachot du château d'If en rade de Marseille. Son salut viendra de l'abbé Faria, un autre prisonnier avec lequel il entretient une amitié clandestine des années durant. Celui-ci lui transmet sa vaste culture et à sa mort, un trésor caché... Extrait : « Je ne tirerai rien de ces niais-là, murmura-t-il, et j'ai grand-peur d'être ici entre un ivrogne et un poltron : voici un envieux qui se grise avec du vin, tandis qu'il devrait s'enivrer de fiel ; voici un grand imbécile à qui on vient de prendre sa maîtresse sous son nez et qui se contente de pleurer et de se plaindre comme un enfant. Et cependant, cela vous a des yeux flamboyants comme ces Espagnols, ces Siciliens et ces Calabrais, qui se vengent si bien ; cela vous a des poings à écraser une tête de boeuf aussi sûrement que le ferait la masse d'un boucher. Décidément, le destin d'Edmond l'emporte ; il épousera la belle fille, il sera capitaine et se moquera de nous ; à moins que
OEuvre majeure de Baudelaire, publiée le 25 juin 1857 et rééditée en 1861, Les Fleurs du mal sont l'une des oeuvres les plus importantes de la poésie moderne, empreinte d'une nouvelle esthétique où la beauté et le sublime surgissent, grâce au langage poétique, de la réalité la plus triviale. L'oeuvre exerça une influence considérable sur Paul Verlaine, Stéphane Mallarmé ou encore Arthur Rimbaud. Le 7 juillet, la direction de la Sûreté publique saisit le parquet pour « outrage à la morale publique » et pour « outrage à la morale religieuse ». Baudelaire et ses éditeurs sont condamnés à une d'amende, ainsi qu'à la suppression de six pièces (sur les cent que compte le recueil), pour délit d'outrage à la morale publique.
Edition complète des 5 tomes des misérables ! Ce roman, un des plus populaires de la littérature française, a donné lieu à de nombreuses adaptations au cinéma. Victor Hugo y décrit la vie de misérables dans Paris et la France provinciale du xixe siècle et s'attache plus particulièrement aux pas du bagnard Jean Valjean qui n'est pas sans rappeler le condamné à mort du Dernier Jour d'un condamné ou Claude Gueux. C'est un roman historique, social et philosophique dans lequel on retrouve les idéaux du romantisme et ceux de Victor Hugo concernant la nature humaine. L'auteur lui-même accorde une grande importance à ce roman et écrit en mars 1862, à son éditeur Lacroix : « Ma conviction est que ce livre sera un des principaux sommets, sinon le principal, de mon oeuvre ». Jean Valjean, un ancien forçat condamné en 1796, trouve asile, après avoir été libéré du bagne et avoir longtemps erré, chez Mgr Myriel, évêque de Digne. Il se laisse tenter par les couverts d'argent du prélat et déguerpit à l'aube. Des gendarmes le capturent, mais l'évêque témoigne en sa faveur et le sauve. Bouleversé, Jean Valjean cède à une dernière tentation en détroussant un petit Savoyard puis devient honnête homme. En 1817 à Paris, Fantine a été séduite par un étudiant puis abandonnée avec sa petite Cosette, qu'elle a confiée à un couple de sordides aubergistes de Montfermeil, les Thénardier. Elle est contrainte de se prostituer...
Alice au pays des merveilles est une oeuvre de littérature enfantine écrite par Charles Lutwidge Dodgson, sous le pseudonyme de Lewis Carroll. Le livre foisonne d'allusions satiriques aux amis de l'écrivain et aux leçons que les écoliers britanniques devaient mémoriser à l'époque. Le pays des merveilles, tel qu'il est décrit dans le conte, joue sans cesse avec la logique.
La Faute de l'abbé Mouret est le cinquième volume de la série les Rougon-Macquart. Faisant suite à la Conquête de Plassans, c'est le second ouvrage de la série qui traîte du catholicisme ; le thème en est la vie d'un prêtre déchiré entre sa vocation religieuse et l'amour d'une femme. Extrait : Un soir qu'il était au plus mal, Albine lui donna sa main, pour qu'il y posât la joue. Et, la main ne le soulageant pas, elle pleura de se voir impuissante. Depuis qu'il était retombé dans l'assoupissement de l'hiver, elle ne se sentait plus assez forte pour le tirer à elle seule du cauchemar où il se débattait. Elle avait besoin de la complicité du printemps. Elle-même dépérissait, les bras glacés, l'haleine courte, ne sachant plus lui souffler la vie. Pendant des heures, elle rôdait dans la grande chambre attristée. Quand elle passait devant la glace, elle se voyait noire, elle se croyait laide.
Une vie ou L'Humble Vérité est le premier roman de Guy de Maupassant, paru d'abord en feuilleton en 1883 dans le Gil Blas, puis en livre, la même année, sous le titre L'Humble Vérité. Le roman décrit la vie « d'une femme depuis l'heure où s'éveille son coeur jusqu'à sa mort ». Extrait : A mesure que sa taille s'était épaissie, son âme avait pris des élans plus poétiques ; et quand l'obésité l'eut clouée sur un fauteuil, sa pensée vagabonda à travers des aventures tendres dont elle se croyait l'héroïne. Elle en avait des préférées qu'elle faisait toujours revenir dans ses rêves, comme une boîte à musique dont on remonte la manivelle répète interminablement le même air. Toutes les romances langoureuses, où l'on parle de captives et d'hirondelles, lui mouillaient infailliblement les paupières ; et elle aimait même certaines chansons grivoises de Béranger, à cause des regrets qu'elles expriment.
Contes de la bécasse est un recueil de nouvelles de Guy de Maupassant, publié en 1883. Extrait : Morin se demandait : « Qui est-ce ? ». Et mille suppositions, mille projets lui traversaient l'esprit. Il se disait : « On raconte tant d'aventures de chemin de fer. C'en est une peut-être qui se présente pour moi. Qui sait ? une bonne fortune est si vite arrivée. Il me suffirait peut-être d'être audacieux. N'est-ce pas Danton qui disait : "De l'audace, de l'audace, et toujours de l'audace". Si ce n'est pas Danton, c'est Mirabeau. Enfin, qu'importe. Oui, mais je manque d'audace, voilà le hic. Oh ! Si on savait, si on pouvait lire dans les âmes ! Je parie qu'on passe tous les jours, sans s'en douter, à côté d'occasions magnifiques. Il lui suffirait d'un geste pourtant pour m'indiquer qu'elle ne demande pas mieux... ».
La légende de Lyderic, premier comte de Flandre, au VIIe siècle. En 628,le prince de Dijon Salwart succombe sous les coups du gigantesque prince Phinard de Buck dans une forêt des Flandres. Sa femme Ermengarde a juste le temps de cacher leur fils Lyderic dans un buisson avant d'être faite prisonnière. Le bébé est sauvé de la mort par une biche qui le nourrit et un vieil ermite qui l'élève. Il devient vite d'une stature et d'une force redoutable. A la mort de l'ermite, Lyderic part à la recherche de ses origines avec pour seul indice un chapelet qu'il avait autour du cou quand il a été trouvé. Avec l'épée qu'il s'est forgée lui-même en tant qu'apprenti d'un armurier, il réussit à tuer un monstrueux dragon dont le sang le rend invulnérable à l'exception d'un endroit. Grâce au roi Dagobert qu'il sauve de la mort, il apprend son nom et le sort de sa mère, toujours aux mains de Phinard. Il le défie donc...
- J'en ai ras le bol des mecs. Vous me gonflez ! J'en ai plus qu'assez de vos sales coups ! C'est votre tour de souffrir !
Ma voix résonne dans tout le quartier. Et là, trempée, titubante, épuisée, je prends une décision sur laquelle je jure de ne jamais revenir : je ne vais plus rien leur passer. On remet les compteurs à zéro. On renverse la vapeur. Je vais faire payer ce fumier. Chaque joueur doit vous donner mille baffes. Je vais me venger de tout. Puisque aucun bonheur ne descendra d'un ciel illusoire, je suis prête à aller chercher le peu qui me revient jusqu'au fond des enfers.
La gentille Marie est morte, noyée de chagrin. À présent, c'est la méchante Marie qui est aux commandes. À partir de maintenant, je renvoie les ascenseurs et je rends la monnaie de toutes les pièces. Les chiens de ma chienne sont nés et il y en aura pour tout le monde. La vengeance est un plat qui se mange froid et je suis surgelée. La rage m'étouffe, la haine me consume.
Candide, ou l'Optimisme est un conte philosophique de Voltaire paru à Genève en janvier 1759. Il a été réédité vingt fois du vivant de l'auteur (plus de cinquante aujourd'hui) ce qui en fait un des plus grands succès littéraires français. Anonyme en 1759, Candide est attribué à un certain « Monsieur le Docteur Ralph » en 1761, à la suite du remaniement du texte par Voltaire. Ce titre ronflant donne tout de suite le ton au lecteur qui pourrait hésiter sur le genre de l'ouvrage : conte ou essai ? Art mineur ou art noble ? L'auteur prend, dès les premières lignes, position contre la noblesse aux titres bien plus ronflants que celui-ci. Et que dire du nom du soi-disant docteur Ralph ? Rien de plus qu'une onomatopée qui ne laisse aucun doute sur le ton de cette oeuvre (voir Thunder-Ten-Tronckh, le château de la situation initiale). Cette oeuvre si ironique dès les premières lignes, ne laisse aucun doute sur l'origine de l'auteur, qui ne pouvait faire partie que des Lumières. Et de là à pense
Le Diable au corps est un roman de Raymond Radiguet paru en 1923. C'est le récit d'une histoire d'amour entre un jeune garçon et une femme tandis que le fiancé de cette dernière se bat sur le front durant la Première Guerre mondiale. Cette oeuvre marque les esprits par l'extraordinaire sens de la formule de son auteur, et surtout le mythe qui l'entoure (Radiguet est mort à l'âge de 20 ans). Des thèmes tels que l'adolescence, la trahison, le scandale, la parentalité, l'adultère, les doutes amoureux sont magistralement abordés dans cet ouvrage. Extrait : Je rentrai en classe. Le professeur, ironique, m'appela Don Juan. J'en fus extrêmement flatté, surtout de ce qu'il me citât le nom d'une oeuvre que je connaissais et que ne connaissaient pas mes camarades. Son « Bonjour, Don Juan » et mon sourire entendu transformèrent la classe à mon égard. Peut-être avait-elle déjà su que j'avais chargé un enfant des petites classes de porter une lettre à une « fille », comme disent les écoliers dans leur dur langage. Cet enfant s'appelait Messager ; je ne l'avais pas élu d'après son nom, mais, quand même, ce nom m'avait inspiré confiance. À une heure, j'avais supplié le directeur de ne rien dire à mon père ; à quatre, je brûlais de lui raconter tout. Rien ne m'y obligeait. Je mettrais cet aveu sur le compte de la franchise. Sachant que mon père ne se fâcherait pas, j'étais, somme toute, ravi qu'il connût ma prouesse.
Les Confessions de Jean-Jacques Rousseau est une autobiographie publiée à titre posthume. Le titre des Confessions a sans doute été choisi en référence aux Confessions de Saint-Augustin, publiées au IVe siècle après Jésus Christ. Rousseau, qui était protestant, accomplit ainsi un acte sans valeur religieuse à proprement parler, mais doté d'une forte connotation symbolique: celui de l'aveu des pêchés, de la confession. On reproche souvent à Rousseau la prétention extrême présente dans certains extraits des « Confessions » et dissimulée sous une apparente humilité, mais passer outre à la première lecture est nécessaire pour accéder au second niveau de l'oeuvre, qui reste un chef d'oeuvre de la littérature française. Composé de 12 livres, « Les Confessions » de Rousseau sont considérées comme la première véritable autobiographie. La première partie de l'oeuvre (livres i à vi) a été publiée en 1782 et la seconde (livres vii à xii) en 1789.
« Tout le monde ne peut pas être orphelin. » Poil de carotte est un enfant très mal aimé qui, pour lutter contre les humiliations quotidiennes et la haine maternelle, n'a que la ruse. Sans doute est-ce dans cette enfance malheureuse qu'il faut chercher les sources du scepticisme et de l'ironie de Jules Renard, son art de la litote, son style dense et précis, sa cruauté d'observation. Ce récit est une courte pièce en un acte. Extrait : Poil de Carotte, sans hésitation, rayonne de joie. Il sait ce qu'il lui reste à faire. Bien vite, il veut fumer en présence de ses parents, sous les regards envieux (mais on ne peut pas tout avoir !) de grand frère Félix et de soeur Ernestine. Sa pipe de sucre rouge entre deux doigts seulement, il se cambre, incline la tête du côté gauche. Il arrondit la bouche, rentre les joues et aspire avec force et bruit. Puis, quand il a lancé jusqu'au ciel une énorme bouffée : -- Elle est bonne, dit-il, elle tire bien.
A dix-huit ans, désoeuvré, s'ennuyant à mourir dans la douceur dont sa mère l'entourait, il entra chez un marchand de toile, à titre de commis. Il gagnait soixante francs par mois. Il était d'un esprit inquiet qui lui rendait l'oisiveté insupportable. Il se trouvait plus calme, mieux portant, dans ce labeur de brute, dans ce travail d'employé qui le courbait tout le jour sur des factures, sur d'énormes additions dont il épelait patiemment chaque chiffre. Le soir, brisé, la tête vide, il goûtait des voluptés infinies au fond de l'hébétement qui le prenait. Il dut se quereller avec sa mère pour entrer chez le marchand de toile ; elle voulait le garder toujours auprès d'elle, entre deux couvertures, loin des accidents de la vie.
La Comédie Humaine Etudes de moeurs. Scènes de la vie parisienne. Tome XVII - Houssiaux, 1848. Extrait : Cette hyène était d'autant plus furieuse contre ce chérubin, fils de la belle madame Brunner, que, malgré des efforts dignes d'une locomotive, elle ne pouvait pas avoir d'enfant. Mue par une pensée diabolique, cette criminelle Allemande lança le jeune Fritz, à l'âge de vingt et un ans, dans des dissipations anti-germaniques. Elle espéra que le cheval anglais, le vinaigre du Rhin et les Marguerites de Goethe dévoreraient l'enfant de la juive et sa fortune ; car l'oncle Virlaz avait laissé un bel héritage à son petit Fritz au moment où celui-ci devint majeur. Mais si les roulettes des Eaux et les amis du Vin, au nombre desquels était Wilhem Schwab, achevèrent le capital Virlaz, le jeune enfant prodigue demeura pour servir, selon les voeux du Seigneur, d'exemple aux puînés de la ville de Francfort-sur-Mein, où toutes les familles l'emploient comme un épouvantail pour garder leurs enfants sages et effrayés dans leurs comptoirs de fer doublés de marcs banco.